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Dive : Une immersion sensorielle dans la danse contemporaine d'Édouard Hue

Au coeur du OFF 2025 d'Avignon, le théâtre de la Scala Provence a offert aux spectateurs une expérience envoûtante avec Dive, la nouvelle création du chorégraphe Édouard Hue.

Publié par Pauline . le 29/07/2025 - Mis à jour le 07/08/25 14:30
Dive : Une immersion sensorielle dans la danse contemporaine d'Édouard Hue

Exploration intime, cette pièce pour 7 danseurs se distingue par sa force brute mais pas brutale.
Elle plonge le public dans les profondeurs d’une gestuelle à la fois instinctive et savamment orchestrée.

Dès les premières minutes, le dispositif scénique rompt avec les conventions. Le rideau est levé, la scène est déjà habitée, comme si l’on surprenait une répétition en cours. Ce parti pris de mise en abyme donne le ton : ici, le spectateur n’est pas simple observateur, il fait parti du processus créatif. Les danseurs, complices, lancent des regards, des sourires, instaurent un lien direct, presque intime, avec la salle. Une connivence se tisse. L’effet est simple mais puissant : l’identification laisse vite place à l’admiration.

Progressivement, la pièce déploie toute son intensité, celle du groupe. Le mouvement s’installe, gagne en amplitude et en densité. Ce qui frappe d’abord, c’est la précision des interprètes, leur incroyable synchronisation. Chaque geste, chaque impulsion semble naître d’un instinct commun, comme si les corps étaient reliés par une respiration unique. Pourtant, chacun conserve sa singularité, son propre langage, ce qui confère à l’ensemble une richesse plastique rare. La virtuosité technique ne vient jamais écraser l’émotion ; au contraire, elle en est le véhicule.

Dive n’est pas une simple performance chorégraphique, c’est un voyage émotionnel et intellectuel. Une lente transe hypnotique s’installe, entraînant le public dans un flux continu de mouvements, où la cadence s’accélère sans jamais perdre sa cohérence. La musique originale de Jonathan Soucasse joue ici un rôle essentiel : nappes électroniques, pulsations sourdes et motifs répétitifs construisent un paysage sonore immersif, qui agit en miroir de la danse. Elle soutient, guide, enveloppe. Le spectateur ne regarde plus seulement, il ressent.

Le titre "Dive" prend alors tout son sens. Il ne s'agit pas d’un simple saut dans l’eau, mais d’une plongée profonde. On pense au "freefall" des apnéistes : ce moment suspendu où le plongeur, ayant atteint une certaine profondeur, cesse tout effort et se laisse happer vers les abysses. Une perte de repères volontaire, presque extatique. C’est précisément cette sensation que la pièce parvient à transmettre — celle d’un abandon des corps, d’une immersion dans un monde parallèle, fait de mouvement, de souffle et de vibration.

Avec "Dive", Édouard Hue confirme son talent pour capter l’instant et transformer la scène en terrain d’expérience partagée. Une œuvre magnétique, généreuse, qui nous rappelle que la danse peut être à la fois un art de la rigueur et une poésie de l’instinct.










 

Didier Philispart

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