Comme La Grande Ressourcerie de Draguignan et bien d’autres structures de l’économie circulaire en Provence, la Ressourcerie de la Rade, à Toulon, a dû fermer temporairement ses collectes de dons textiles et objets. Depuis sa réouverture après la pause estivale, l’association croule sous les arrivées massives, au point de saturer ses espaces de tri.
Un afflux massif après l’été
Rien que la dernière semaine d’août, près de 4 à 5 tonnes de vêtements ont été déposés, l’équivalent de plus de 10 % des apports annuels en quelques jours seulement. Cette vague s’explique en partie par les tris et déménagements effectués pendant l’été ou par la rentrée, moments où étudiants et familles renouvellent leur équipement.
Mais parmi ces dons, beaucoup ne sont pas exploitables. "On subit de plein fouet les revers de la fast fashion. Les gens achètent trop et de mauvaise qualité. Ils nous apportent des textiles tâchés, troués ou peluchés encore neufs. Sans machine à laver, impossible de mettre en rayon. On finit donc par les jeter nous-mêmes à la déchetterie, ce qui demande du temps et coûte de l'argent", regrette Cécile Van Garder, la directrice de La Ressourcerie de La Rade.
Un phénomène qui pèse lourdement sur le modèle économique des ressourceries. Certaines structures, qui doivent rémunérer des salariés pour ce tri, accusent des pertes importantes, doivent même parfois fermer.
À Toulon, le tri repose surtout sur les bénévoles. Mais à la rentrée, nombre d’entre eux sont encore en vacances, ce qui a accentué la saturation. "On était seulement quatre lundi dernier pour gérer les montagnes de textiles. À un moment, tout ce qu’on triait partait directement à la benne", confie la responsable.
La Ressourcerie peut compter sur 60 bénévoles actifs répartis sur deux sites, l’équivalent de 6 à 7 emplois à temps plein, mais les besoins sont croissants. "Il nous faudrait au moins trois personnes au tri textile chaque jour. Nous lançons un appel à renfort."
Pour éviter de jeter, la Ressourcerie a mis en place des sacs « surprise » vendus entre 1 et 2 euros, remplis de vêtements qui ne trouvent pas preneur. Une solution adoptée notamment par les revendeurs.
Par ailleurs, l’association multiplie les partenariats : ateliers pédagogiques avec les écoles, compostage avec Les Chercheurs en Herbe, réparation de meubles avec l’Union Diaconale du Var… autant d’actions qui renforcent son rôle social et environnemental.
Malgré ces difficultés, la Ressourcerie connaît une fréquentation record. En 2024, elle a écoulé 48 000 paniers d’objets et textiles, avec un prix moyen de 5 euros. "Les gens viennent pour faire de bonnes affaires, mais aussi parce qu’avec un euro, on repart avec quelque chose d’utile. C’est important, notamment pour les plus précaires, qui gardent leur dignité en achetant sans demander d’aide", souligne Cécile.
Au fil des ans, le lieu est même devenu un espace social. "On croise des étudiants, des familles, des retraités, des personnes en difficulté… C’est très éclectique. La Ressourcerie, c’est presque un tiers-lieu, il ne manque plus qu’un café", sourit la directrice.
Après une semaine de fermeture des collectes, la Ressourcerie de la Rade s’organise pour rattraper son retard et espère une reprise fluide. En attendant, elle sera présente au Forum des associations ce samedi à Toulon, aux côtés de l’Union Diaconale du Var, pour présenter ses actions, recruter de nouveaux bénévoles et sensibiliser le public au réemploi.