Reportage : Ballet Jazz de Montréal

Aszure Barton est une chorégraphe atypique, d’abord soliste virtuose des BJM pour les chorégraphies de Louis Robitaille en 1998, elle est aujourd’hui en résidence à New York chez nul autre que Mikhail Baryshnikov !

Le programme double donné ce soir par les BJM a complètement chaviré le cœur du public de la Colonne. Tout d’abord « Jack in the box », une oeuvre captivante où l’on ressent la toute puissance du groupe et la difficulté pour l’individu de s’en extraire. Les constructions surprenantes de Barton et la parfaite maitrise technique de la jeune troupe souligne cette puissance que nous offre la danse jazz. La compagnie virevolte comme un seul homme, s’emballe comme un seul cœur. Et pourtant… cette jeune troupe en costumes de « pensionnaires dans la grisaille », ne saurait être physiquement plus éclectique.
Peu à peu chaque individualité d’artiste transparaît dans ce qu’il a de plus beau de plus impressionnant, de plus touchant. Ainsi, Nathan Madden et Anne-Laure Seilan ponctuent leur prouesses techniques de nombreux traits d’humour, alors que Tony Bougiouris nous fait douter que les lois de la gravité aient quelque prise sur lui.
La trame musicale riche et audacieuse nous fait voyager des Chants Grégoriens aux World Percussions Collectives en passant par Isao Tomita ou Robert Charlesbois et nous porte au plus près des émotions que nous offrent les interprètes, servant toujours au mieux le propos de Barton.

Après des applaudissements à tout rompre et un court entracte, « les Chambres de Jacques ».
C’est l’arrivée toute triomphante de la couleur, de la gaieté, du partage. Barton a saisi pour nous un extrait de la danse jazz, comme une essence de parfum. A ce jeu, la sensualité prend toute sa place dans de merveilleux duos et trios servis par le talent de Christina Bodie, Alyssa Desmerais, et Alexandra Gershman. Cette partie, emprunte d’amour, introduit également l’interprétation toute de poésie et de délicatesse de Yanelis Brooks ainsi que l’énergie, le charisme de Robert Knowles et Brett Taylor, qui quelles que soient les virtuosités exécutées gardent toujours leur « cool », comme si Cary Grant avait été un danseur…
Merveilleux BJM, avec de merveilleux artistes. La Danse Jazz d’Aszure Barton nous impressionne, nous donne envie de les rejoindre, c’est un grand spectacle.