Depuis plusieurs années, les recherches sous-fluviales menées en partenariat avec le Centre Camille Jullian (AMU-CNRS), l’Inrap, le Drassm et le Musée national de la Marine permettent d’affiner la connaissance du complexe portuaire antique d’Arles.
Les missions de 2023 avaient notamment mis en évidence la richesse du dépotoire portuaire antique. Des allèges fluviales (AR7, AR14), un petit navire marchand maritime (AR13) ou encore une embarcation fermée à une extrémité, assimilée au type des naves horeiae (AR15). Preuves de la diversité des trafics liés au port antique d'Arles et son articulation avec le commerce maritime méditerranéen. Mais cette année encore, les fouilles ont révélé des trésors inattendus.
Du 25 août au 3 octobre 2025, une quinzaine de spécialistes — archéologues, céramologues, géo-archéologues, photographes, techniciens et topographes — mènent une mission d’ampleur sur le Rhône, en face du musée. Plusieurs opérations ont été menées simultanément : fouille de l’épave Arles-Rhône 15, démarrage de l’étude de l’épave Arles-Rhône 7, et prospections/sondages autour de ces sites.
Reconnue dès 2009 et expertisée en 2023, l’épave Arles-Rhône 15 est une chaloupe du Ier siècle de notre ère, longue de 4,70 m, interprétée comme une nave horeia. Cette embarcation était probablement dédiée à la pêche, à des fonctions annexes portuaires ou à la liaison avec de plus grands navires.
La campagne 2025 a mis en œuvre des techniques modernes, notamment la photogrammétrie, permettant de recomposer l’épave en 3D à partir de centaines de clichés. Ce modèle numérique offre une vue globale jusque-là impossible dans les conditions de faible visibilité du fleuve. La reconstitution permettra l'étude fonctionnelle de la chaloupe et de son aire de navigation possible.
847 pièces de monnaie vieilles de plus de 2 000 ans ont été remontées au cours de cette mission. Cette découverte spectaculaire permettra une datation plus fine du contexte archéologique du site. Le lot pourrait contenir des pièces rares ou inédites, ce qui incite déjà à des comparaisons dans les collections muséales européennes.
Pour cartographier le port antique
Au-delà de ces trouvailles, les chercheurs ont mené des prospections systématiques dans la zone d'épaves. Une carte précisera des mobiliers et structures archéologiques encore enfouis, afin de mieux comprendre la constitution progressive du dépotoir portuaire d’Arles et de restituer l’organisation de ce carrefour fluvio-maritime majeur de l’Antiquité.
Crédits photos : ©Lionel ROUX_CCJ-(CNRS-AMU)
