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A partir du 9 octobre, le Mucem expose une Guillotine en hommage à Robert Badinter

Le 9 octobre 2025, Robert Badinter entrera au Panthéon, quarante-quatre ans jour pour jour après le vote historique de l'abolition de la peine de mort en France. À cette occasion, le Mucem rend hommage à l'ancien garde des Sceaux en exposant un objet aussi singulier que symbolique : la guillotine conservée dans ses collections depuis 1982.

Publié par Pauline . le 03/10/2025 - Mis à jour le 03/10/25 12:21
A partir du 9 octobre, le Mucem expose une Guillotine en hommage à Robert Badinter

Au Mucem, la guillotine prend place dans la section « Peuples en mouvements » de l’exposition permanente Populaire ? – Les trésors des collections du Mucem.
Elle y dialogue avec d’autres jalons de l’histoire sociale et politique française : les grèves ouvrières de 1936, Mai 68, la création du Secrétariat d’État à la condition féminine en 1974, l’abolition de la peine de mort en 1981, le mariage pour tous en 2013, ou encore les mobilisations pour la liberté d’expression après les attentats de janvier 2015. Dans ce parcours, elle apparaît non comme un vestige macabre, mais comme un repère mémoriel, symbole de rupture et de progrès.

Un objet fort de sens que les visiteurs du Mucem pourront découvrir dès le 9 ocotbre

Lors de la présentation à la presse, Pierre-Olivier Costa, président du Mucem, a insisté sur la puissance mémorielle de cet artefact :

« Au cœur de l’exposition permanente du Mucem Populaire, le public va pouvoir découvrir un objet fort de sens, une guillotine. Le Mucem est un musée de société qui accompagne les grands mouvements et garde les traces dans ses collections de ces grandes avancées sociales et sociétales. Ce monstre, cette guillotine, montre une fois de plus que dans les collections du Mucem, il y a les traces de notre histoire commune, dont l’histoire de l’abolition de la peine de mort. »

L’objet, haut de 4,50 mètres et pesant 800 kilos, avait été affecté en 1982 aux collections nationales sur proposition de Robert Badinter. « On le doit à Robert Badinter, qui a décidé, après l’abolition de la peine de mort, non pas de détruire mais de donner au Musée des Arts et Traditions populaires cette guillotine, pour témoigner du combat pour l’abolition », rappelle Pierre-Olivier Costa. « Seulement une condition avait été posée : ne pas la montrer au public avant vingt ans. »

Depuis, la guillotine n’a été visible qu’à trois occasions : en 2010 au musée d’Orsay lors de l’exposition « Crime et châtiment » recouverte d'un voile, puis pour l’ouverture du Mucem en 2013, et en 2019 à la prison des Baumettes.
« On la montre aujourd’hui, pour la première fois, dans le sens du condamné à mort », souligne le président du Mucem.

Une bête inhumaine devenue « pièce de musée »

Construite en 1872 par Alphonse-Léon Berger pour remplacer le modèle détruit durant la Commune de Paris, cette guillotine servit jusqu’à la fin des exécutions publiques.  Aujourd’hui, son mécanisme est volontairement bloqué. Figée, transformée en objet patrimonial, elle incarne le souvenir d’un passé révolu.

Comme l'explique Pierre-Olivier Costa :

« C’est lorsqu’il fait face à cette bête inhumaine que Robert Badinter décide de vouer sa vie à l’abolition de la peine de mort. Montrer cette guillotine, c’est aussi montrer ce à quoi il a fait face : une bête de 4m50 de hauteur, 800 kg, qui attend la mort. À travers l’abolition, il fallait que le public se rende compte physiquement de ce que cela voulait dire. L’histoire n’est pas qu’abstraction, elle est aussi objet. Et nous sommes un musée de l’objet : nous voulions montrer à quel point l’objet parle. »

Robert Badinter lui-même avait trouvé les mots justes pour décrire cet objet glaçant :
« Quand je l’ai vue dans la cour de la Santé, sous le dais noir, avec ses grands bras maigres, dressée vers ce dais, elle avait l’air d’une espèce d’idole sanglante qui attendait sa ration de mort. Maintenant, c’est une pièce de musée. Tout est dit. » (France Inter, 2010)


Si la France a aboli la peine capitale, elle demeure encore en vigueur dans de nombreuses régions du monde. Exposer la guillotine aujourd’hui, alors que Robert Badinter entre au Panthéon, c’est rappeler la portée universelle de son combat pour la dignité humaine.

A découvrir au Mucem

La Guillotine sera visible par le grand public à partir du 9 octobre 2025. A cette occasion,  l’accès à l'exposition permanente sera gratuit pour tous les visiteurs.

Une soirée spéciale, le 13 octobre, rassemblera intellectuels et artistes pour évoquer l’héritage de Robert Badinter et ses luttes pour les droits humains.

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