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Reportage 2008 : Benoît Dorémus + Ben Mazué au Mas des Escaravatiers

Avant dernière soirée de la programmation « on » du festival « Le Mas est concert » et place à la toute jeune scène française…Ben Mazué et Benoît Dorémus.
Belle soirée précédée d'une belle rencontre avec Benoît Dorémus.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 06/05/2008 - Modifié le 27/07/11 12:06

Une belle soirée attendait les spectateurs venus au Mas des Escaravatiers ce samedi soir.

Ben Mazué assurait la première partie...

Voici un nom qui ne sonne pas encore dans toutes les oreilles mais qui pourtant brille déjà sur les diverses scènes de France et de Navarre avec une musique aux accents très variés.


Du rap au reggae, de la chanson au hip-hop, il offre un set toutes en couleurs et en nuances où ses propres compositions viennent frôler une magnifique reprise de Mc Solaar « Caroline ». Jouant des mots et des sons, ce jeune niçois, accompagné de son guitariste, réussit à donner le « la » de la soirée…un « la » parlé, un « la » chanté…

...un « la » rejoint admirablement par un « do », un « ré », un « mus »...une partition réussie !

Suivi de ses quatre musiciens, Benoît Dorémus débarque enfin sous l’olivier centenaire, éclairé de milles feux. Une guitare en main, il entonne avec aisance un set très musical, où viennent se mêler morceaux de son premier album « Jeunesse se passe », nouvelles compositions et une belle reprise de NTM « That's my people»…autrement dit le rap était à l’honneur. Pourtant toute la finesse de son répertoire résidait dans ce savoureux mélange de chanson française et d’influences rap et hip-hop.

Les mots, tantôt chantés, tantôt scandés, sont crus, vifs, poétiques, les mélodies sont rapides, entraînantes, émouvantes…entre révolte, humour et mélancolie…on se laisse facilement bercer ou bousculer par cet univers…un univers, qui malgré une ressemblance très frappante avec « l’homme au foulard », est pourtant bien à lui et continuera sûrement de l'être.



Rencontre avec Benoît Dorémus

Les cigales chantent, Ben Mazué fait ses balances, un climat bon enfant règne dans le jardin du mas des Escaravatiers...une atmosphère idéale pour cette rencontre.

 

Peux-tu rapidement te présenter, en quelques mots ?
Non ! Question suivante (rires).
En quelques mots donc...je suis Benoît Dorémus, vous l'aurez remarqué avant moi. Je fais de la chanson française et je suis en tournée depuis quelques mois avec mon groupe pour défendre mon album, qui est sorti il y a 10 mois.

Malgré des chansons aux sonorités très rap, hip-hop, tu te décris donc comme appartenant à la chanson française ?
Dans la tradition du texte mis en avant, je suis plus proche de Brassens que d'NTM, par contre c'est vrai que j'aime bien les textes qui vont un peu vite. J'écris comme ça, et le rap m'a marqué et influencé. Donc dans ma façon de faire de la chanson, il y a un peu d'ingrédients du hip-hop...j'aimerai être un rappeur, mais j'en ai pas le réflexe, la culture, le vécu...tout ça.

Et justement, même si on comprend rapidement en écoutant ton album que Renaud a une place importante au niveau de tes influences, y en a-t-il d'autres ?
Merci pour Renaud !
Sinon quand j'étais petit, ce qui m'a donné envie d'écrire, ça peut paraître un peu con, mais Henri Dès, le chanteur pour enfants, fut le premier gars que j'ai vu en concert. Et voir à dix ans tous les gens chanter les chansons par cœur, j'étais très impressionné. Sinon j'ai écouté...c'est assez traditionnel...énormément Alain Souchon. Il a ce côté spleen qui me touchait, ce regard sur le temps passé...ce sont des sujets qui m'intéressent. Et en grandissant, les Beatles, Brassens, un peu tout ce que j'entendais, ce que mes grands frères écoutaient...mais rien d'original, la musique de tout le monde. Chez moi, on n'en écoutait pas beaucoup mais de la bonne.

Tu as écrit un roman et les mots ont une place importante dans tes chansons...as-tu trouvé dans la littérature certaines influences ?
J'ai voulu écrire depuis tout petit. Au début j'écrivais des poèmes, j'ai écrit des nouvelles, j'ai essayé d'écrire un roman quand j'avais un vingtaine d'année...j'y suis allé au bout mais c'était une catastrophe. Je me cherchais, je voulais écrire mais je n'avais pas encore trouvé mon rayon. En littérature, celui que j'aimais beaucoup à l'époque, c'est Philippe Dijan, qui a écrit « 37°2 le matin », entre autres...c'est sans doute le plus connu. Ça a effectivement un peu influencé mon style, le fait d'utiliser l'argot et parler de soi sans complexe. Ce sont des gens qui m'ont un peu décoincé. Mais le cinéma aussi...dès qu'il y a des bons dialogues, du texte, j'ai l'oreille qui se dresse.

Tu es donc auteur compositeur ?
J'écris les musiques et les paroles oui...pour l'instant...

Des projets donc... ?
J'aimerai bien confier des textes à d'autres gens, voir quelle musique ils mettraient dessus...ça viendra j'espère. Ecrire pour d'autre, j'aimerai beaucoup aussi. Mais pareil, ce n'est pas facile, en tout cas pour moi. Je sais que ce sont des choses qui se feront un jour ou l'autre mais c'est pas évident...c'est un grand fantasme !

Pour en revenir à ton album « Jeunesse se passe », les trois chansons « J'apprends le métier », « L'enfer » et « Deux dans mon egotrip », sont indiquées respectivement comme « acte 1 », « acte 2 », « acte 3 ». Y a-t-il une construction voulue pour cet album, une sorte de fil conducteur ?
Cette histoire d'acte 1, acte 2, acte 3...l'acte 1 raconte mes débuts de chanteur, quand je jouais dans les bars. Lorsque j'ai écrit cette chanson, je ne savais pas qu'un jour j'écrirai l'acte 2. Deux ans plus tard, je l'ai donc écrit. C'était un peu le revers de la médaille de cette période que j'avais adoré, cette chanson évoque une période un peu plus dure. Je ne savais pas non plus que j'écrirai un acte 3.

Ces chansons ont donc été écrites chronologiquement ?
Voilà. Quand s'est fait ma rencontre avec Renaud, qui est devenu mon producteur...en terminant l'acte 3, je me suis dis « je vais les mettre toutes les trois sur mon album ». C'est un peu une suite. Ca raconte mon petit parcours.

Comme le prouve le titre de l'album « Jeunesse se passe », les chansons évoquent une tranche de ta vie...comptes-tu évoluer ainsi, par tranche de vie, dans l'écriture de tes prochains albums ?
C'est effectivement ce que j'aimerai faire par la suite. J'espère surtout arriver à continuer de raconter ce qui m'arrive, ce que je ressens. En même temps, je me rends compte que ce que j'ai raconté dans cet album, j'ai eu 25 ans pour le faire. Alors que pour le deuxième, j'aurais un an ou deux, donc j'espère m'ouvrir aussi à d'autres sujets, parler d'autres choses, mais tout en continuant de me raconter moi...parce que ça fait du bien.

Comment as-tu rencontré Renaud d'ailleurs ?
C'est une belle histoire. Je lui ai apporté une guitare de la part d'un chanteur suisse, Sarclo. Il avait cette guitare à refiler à Renaud. Il m'a dit « Tu vas aller lui apporter ».
« Bonjour »...je suis tombée un bon jour, on s'est assis, on a discuté puis c'est parti comme ça.
Et je lui ai amené mon cd, un album auto-produit...pas folle la guêpe ! C'était histoire qu'il l'ait...ça me faisait plaisir. Je ne pensais pas que ça irait jusque là, puis en fait il a lu les paroles que j'avais mis dans le livret. Il a lu des chansons qui lui ont bien plus, puis du coup il a écouté et m'a rappelé.

Pour en revenir à l'album, pourquoi ce dernier morceau « Paris », entièrement instrumental ?
Instrumental...pour l'instant...j'ai une petite idée derrière la tête. C'est une mélodie que je traînais depuis longtemps et dont je n'arrivais pas à m'en défaire. Je savais que j'écrirai un texte sur Paris avec cette musique là.
Je l'ai mis, sous cette forme instrumentale pour finir l'album car il est très bavard, il y a beaucoup de chansons, les textes sont très longs et j'aimais bien l'idée de terminer sur un truc plus cool, plus reposant.

Effectivement, il y a cette impression de sérénité sur la fin.
Voilà c'était un peu le but. Tant mieux si ça se ressent comme ça.

Les premières rencontres avec le public se sont-elles bien passées ?
En fait j'ai eu la chance de faire déjà pas mal de concerts avant de sortir un album, en commençant dans les petits bars, puis en trouvant assez tôt un tourneur, un producteur de spectacle. Ça doit faire deux ans que je joue beaucoup, c'était la rencontre avec un public différent, qui connaît mieux mes chansons maintenant.

Commences-tu à retrouver des fans récurrents sur les différents concerts ?
Maintenant, à peu près partout où on va, il n'y a pas 3000 personnes qui chantent par cœur, mais il y a toujours une petite dizaine, où qu'on aille. C'est vachement encourageant et ça fait plaisir.

Joues-tu seul, accompagné ?
Pour les premières parties, j'étais tout seul. Ce soir, c'est la formule au complet, on est cinq et c'est comme ça la plupart du temps. Ils m'ont d'ailleurs pas mal aidé pour tout ce qui est arrangements, histoire qu'on ne rejoue pas le disque, ce ne serait pas rigolo sinon. On a pas mal réarrangé certaines chansons, ils ont plus d'expérience que moi, je leur fais confiance...puis on s'amuse.

Personnellement, je t'ai découvert sur Myspace. Quel est le rapport que t'entretiens avec internet ?
Myspace, je m'y suis mis assez tard, il y a un an à peu près au moment de la sortie de l'album. Avec la possibilité de mettre certains extraits de l'album, je pouvais voir ce que les gens en pensaient, ça m'amusait. Puis finalement, je me suis un peu laissé prendre au jeu. Je continue à y aller très souvent mais il y a une période où j'y allais vraiment beaucoup. On devient vite accro.
Quand on fait un concert et que le lendemain chez soi on se connecte et qu'on voit qu'il y a dix commentaires de gens qui te disent « bravo pour hier », « c'est super », « merci pour la dédicace ». On est content, on se dit qu'on n'a pas fait 50 bornes pour rien.
En plus, il y n'y a pas beaucoup de monde qui disent du mal sur myspace...alors on n'en profite.

Penses-tu que ça aide les gens à mieux écouter ta musique ?
Oui sans doute ! Avec Ben, par exemple, qui fait la première partie ce soir, je ne connaissais pas. Alors hier j'ai tapé « Ben Mazué » sur google, je suis tombé sur son myspace directement, j'ai regardé les videos, ce qu'il faisait. Ça m'est arrivé des dizaines de fois cette année. C'est cool et pratique.

Alors qu'est que ça fait d'avoir « sa gueule sur Google » ?
Pas grand chose au final. Puis aujourd'hui tout le monde est sur Google.

Alors ce tatouage sur le bras gauche, que l'on voit sur la pochette de ton album ? Une signification particulière ?
Il marque le temps qui passe. Pour ne pas oublier qu'il passe, je l'ai marqué en gros. J'ai bien aimé ce petit logo, ce petit symbole que l'on trouve en taule. Les filles croient d'ailleurs que j'ai fait de la taule, j'aime bien.

Pour finir que nous prépares-tu pour l'avenir ?
Pour le moment, la tournée continue pour quelques mois encore, donc c'est un peu au jour le jour. Pour l'instant je suis encore dans la tournée à rigoler avec mes copains sur la route, mais je commence tout de même à penser à ce qu'il va arriver après, je vais continuer à écrire en parallèle aussi, pour la suite justement.

Propos recueillis par Agathe Olivier / Photos JB Fontana

 


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