Les conventions du théâtre ont bien des pouvoirs et, si l’on veut que les temps s’emmêlent, la scène offre des moyens savoureux et surprenants.
Rasmus Lindberg s’amuse à superposer et à croiser les temps (1913,1968, 2014); grands-parents, parents, enfants se frôlant dans un espace où trois périodes s’additionnent. Cependant, ces différents temps ne sont pas tout à fait étanches et quelque chose se perçoit du passé. Ne dit-on pas d’un lieu qu’il est « habité » ? Ce ne sont pourtant pas des spectres évanescents, ils sont incarnés, souvenirs bien vivants de la maison dans laquelle ils ont grandi, se sont aimés et déchirés.
Écriture polyphonique de l’héritage familial dans la tradition des auteurs scandinaves, la pièce est une merveille d’horlogerie. Entre mensonges et réinventions du passé, entre rêves et réalité, la vérité se trouble. C’est finalement au spectateur de se faire son opinion sur la vraisemblance de cette saga à tiroirs.
de Rasmus Lindberg
mise en scène Michel Didym
avec Irène Jacob, Éric Berger, Jérôme Kircher, Julie Pilod, Catherine Matisse, Hana Sofia Lopes
1h30
Infos/réservations : chateauvallon-liberte.fr