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L'Hermione qui a failli boucher le Vieux Port: Ces anecdotes sur l'Hermione avant son arrivée à Marseille

Vertige, anachronismes, espionnage et problèmes de fond... L'Hermione relève bien des secrets.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 11/04/2018
Tout ce qu'il faut savoir sur l'Hermione avant son arrivée à Marseille

Avant son escale dans le Vieux Port de Marseille, voici quelques infos indispensables à savoir sur les aventures de l'Hermione.

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Tout le monde en haut du mât!

C’est la condition pour devenir gabier et embarquer comme marin bénévole sur l’Hermione : Etre capable de monter en haut du mât, peu importe qu’il y ait la tempête où que ce soit la nuit.

Bien sûr tout le monde est sécurisé avec un harnais, mais quand même ! Il y a un sacré passage en dévers avant d’arriver sur la plateforme où les pieds sont dans le vide. Un coup de main à prendre nous explique un gabier. Facile à dire.

Surtout qu’en haut du mât, le balancier est amplifié et le moindre mouvement devient tout de suite périlleux : « la voile est dure comme du ciment » explique une jeune gabière.

Tous les bénévoles gabiers ont donc subit une formation de quelques jours à Rochefort il y a quelques mois pour savoir s’ils étaient susceptibles d’embarquer. La règle était claire : pas de mât, pas d’embarquement !

Trois fois moins de marins qu’à l’époque

Du temps de la Fayette, ils étaient 250 marins à bord sans compter les soldats en plus. Aujourd’hui, l’Hermione de 2018 n’embarque que 80 marins dont seulement 15 professionnels.

Lors des traversées par gros temps, comme ce fut le cas en revenant de Tanger, l’équipage a donc été particulièrement sollicité, et ceci sans aucune alternative: il n’y a qu’un winch sur le navire, il sert à mettre à l’eau la chaloupe de survie.

Peu importe les conditions, il faut donc que l’équipage soit toujours opérationnel pour gérer les voiles.

Et forcément, avec trois fois moins de marins qu’à l’époque, le capitaine Yann Cariou le reconnaît : « Tout est compliqué, tout demande beaucoup d’énergie.»

D’autant plus que la grande majorité ne sont pas des marins professionnels et qu’ils ont été largement touchés par le mal de mer.

Les Anglais en étaient particulièrement jaloux

La nouvelle Hermione continue t-elle à rendre les Anglais jaloux ? En tout cas, comme nous l’explique le capitaine, du temps de Lafayette, « c'etait le summum pour ce type de bateau, le Rafale du XVIIIè siècle ». A tel point que les Anglais en étaient tellement jaloux qu’ils passaient leur temps à essayer de l’espionner. Ils ont même réussi à capturer une frégate similaire pour comprendre ses techniques et essayer de la reproduire.

Aujourd’hui, l’association en reste très fière : C’est un projet unique au monde. Aucun autre bateau de cette taille n’a été reproduit et avec un tel souci de la réalité de l’époque.

Et c’est d’ailleurs un bateau très performant, qui garde encore des mystères de l’époque nous confie le capitaine. « Aujourd’hui, malgré ses plans d’origine, malgré tout ce travail méticuleux de construction, l’Hermione garde des secrets.»

Quelques concessions bien cachées

L’Hermione de 2018 arrive à remonter au vent, sans même sortir une voile…. Miracle? Non, le moteur est le principal anachronisme du navire. Il aurait été difficile d’imaginer un tel navire sans propulsion mécanique.

L’association s’est vraiment attachée à reproduire l’Hermione comme à l’époque: les cordages, les canons, les voiles… Tout à été refait selon les plans et les techniques de l’époque.

Enfin, tout ou presque. Outre le moteur quelques autres concessions ont été nécessaires : des équipements de « confort » comme dans les cuisines par exemple. Oui, l’Hermione a bien des fours et des frigos électriques.

Côté navigation aussi. « On emploie les mots, le vocabulaire de l’époque » souligne le capitaine. Le langage maritime a bien évolué en deux siècles et demi. Mais s’il y a bien des ateliers pour comprendre le fonctionnement des sextants et la navigation avec les étoiles, il y a surtout un GPS, bien caché à l’arrière du navire.

Et pour l'ancre ? Là aussi, un guindeau motorisé permet de soulever ses 1,5 tonnes.

Idem pour les équipements de sécurité. Le navire doit être aux normes de 2018, on y trouve donc une chaloupe semi-rigide et des bouées de sauvetage de notre époque.

Pas prêt pour le près

L'Hermione est un trois-mâts carré. C'est à dire avec de grandes voiles "carré", idéales pour un vent qui vient de l'arrière ou de trois quart arrière, mais pas du tout pour remonter face au vent. On y arrive péniblement nous confie un marin. Mais au prix d'importants zig-zag qui ne font avancer que très peu le bateau au final. Dans ces cas là, le capitaine est content de disposer d'un moteur. 

Un équipage aux 35 nationalités

Le tour de la méditerranée de l’Hermione finira le 17 juin après être passé par le Portugal. Durant son périple de cinq mois, l’Hermione aura visité 11 ports qui auront été l’occasion d’embarquer à chaque fois de nouveaux gabiers.

Portée par l’Organisation Internationale de la Francophonie, plus de 350 jeunes issus de 35 pays différents ont été invités à embarquer comme bénévoles le temps d’un « leg », entre deux escales.
C’est le cas par exemple de Youssouf Diarra, un jeune gabier originaire de la Mauritanie et ravi du voyage: « C’est une aventure merveilleuses, on rencontre différentes cultures, des personnes de différents pays! »

Un financement encore précaire

Cette belle aventure a un coût : 15.000€ par jour.

C’est le salaire des marins professionnels, du carburant, de la nourriture… «L’équilibre budgétaire reste fragile » explique le capitaine. L’association Hermione n’est pas aidée par l’état. Elle bénéficie de subventions de la part des institutions locales qui ont payé pour l’accueillir, du mécénat et des entrées payantes des visiteurs lors des escales.

La Ciotat n'a pas eu le droit à son escale

Entre Toulon et Marseille, l'Hermione disposait de trois jours. Un délai raisonnable pour se permettre une petite escale à La Ciotat. Il était prévu que le navire s'amarre au port de la Ciotat le mercredi 10 avril. Joli symbole dans cette ville où l'on a construit des navires pendant si longtemps. Les associations avaient organisé des festivités pour un accueil en grande pompe, les écoles devaient faire des visites, les tee shirt imprimés, tout était prêt. Et là, c'est le drame...

La Métropole annule l'escale il y a quelques jours. On touche le fond. Le Port Vieux de la Ciotat n'aurait pas les 5m78 de tirant d'eau nécessaire à l'accueil de l'Hermione. Un comble quand même pour une ville qui a produit des supertankers à l'époque. D'autant plus, que selon les cartes marines du SHOM, ça pouvait passer.

L'Hermione qui a faillit boucher le Vieux Port

Du coup, l'excuse de La Ciotat aura permis de jeter un coup d'oeil aux cartes marines marseillaises.  Et là, c'est (encore) le drame...

Car cette fois-ci, ce n'est plus une galéjade, l'Hermione ne rentre vraiment pas dans le Vieux Port de Marseille. Il n'y a que 5m40 de fond là où il en faut 6.

Il est prévu que l'Hermione s'amarre devant le quai des Belges, mais à cette endroit du port, des obstacles remontent à 5m40. 

Panique à bord. De travaux sont commandés en urgence la semaine dernière. On envoie des scaphandriers gratter le fond du port. On était à deux doigts de renvoyer l'Hermione à La Ciotat!

L'Hermione est en escale à Marseille du 12 au 15 avril.

Malheureusement toutes les visites à bord affichent complet, mais le public pourra assister à son arrivée jeudi 12 à 9h dans le Vieux Port et avant dans la rade.

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