Attention en mettant les pieds dans l’eau, on pourrait avoir un choc thermique. Le weekend dernier la température de la mer flirtait avec les 30°… Ce chiffre est divisé par deux. C’est désormais 15°. Même en Bretagne, la température de l’eau est plus chaude.
Le coupable n’est pas à chercher bien loin : en 48 heures, l’épisode de mistral a fait plonger la température au bord de l’eau, et cette fois-ci la chute est réellement vertigineuse : 15° en deux jours, c’est un écart rarement vu.
Le laboratoire MIO de l'Observatoire des Sciences de l'Univers PYTHEAS dispose de plusieurs capteurs de température de l’eau de mer et suit en temps réel son évolution. Sur le thermomètre située dans l’anse de Saint Elme à La Seyne, on est ainsi passé d’une eau à 29,52° ce samedi à un minima de 15,2° ce mercredi matin. La température fond de manière proportionnelle à la force du vent.
Il y a quelques jours pourtant, on s'alertait de la hausse des températures de l'eau sur la plupart des plages de la Côte d’Azur et en Provence. Avec une quinzaine de jours de canicule et d’absence de vent, la température de l’eau grimpait d’un degré tous les deux à trois jours. Elle dépassait parfois le seuil symbolique des 30° de manière précoce et les experts parlaient déjà de canicule marine avec des conséquences néfastes pour les écosystèmes fragiles de nos côtes.
La chute de ces températures de l’eau n’est pas uniforme. A Menton, ou dans des secteurs plus abrités du mistral, on n’a perdu que 4 à 8° dans l’eau. Inversement, dans les plages proches de caps et exposées au large et au vent, la chute est bien plus forte.
Car le mistral a soufflé fort. Des rafales aux alentours de 85km/h et même des pointes enregistrées à 126km/h au cap Dramont et 117km/h au cap Camarat, deux sites particulièrement exposés.
Outre les risques d’incendies à terre, et notamment à Marseille, en mer, c'est le phénomène d’upwelling bien connu des scientifiques.
En effet, en Provence, le mistral vient généralement de terre vers la mer, comme à La Ciotat ou sur Côte Bleue, il pousse donc les eaux de surface chaudes vers le large. Ces eaux de surface peuvent aussi s'évaporer plus rapidement à cause des vagues et de la force du vent. La nature ayant horreur du vide, elles sont immédiatement remplacées par cette eau froide venue des profondeurs.
Car il faut savoir que ces eaux habituellement chaudes en été, le sont en réalité uniquement sur les premiers mètres de profondeur, ensuite, dès plusieurs dizaines de mètres, la température de la mer chute à moins de 13°.
Le mistral a donc chassé les eaux de surface chaudes comme l'explique ce schéma:
Cette arrivée d'eau froide sur les plages est une excellente nouvelle pour la nature: Elle va ralentir ce phénomène de "canicule marine" dévastateur pour les écosystèmes: disparition des gorgones (c'était le cas en 2022 dans les Calanques), prolifération d'espèces invasives exotiques, et notamment des vers ou des poissons venimeux... C'est toute la biodiversité actuelle qui est remise en cause quand la Méditerranée est en surchauffe.
Ces courants d'eau glacée venus des profondeurs amènent aussi du phytoplancton et des méduses.
Pour le plancton, c’est une très bonne chose car particules microscopiques sont un élément essentiel dans la chaîne alimentaire des poissons. Pour les méduses, cela ravira l’appetit de certains poissons, mais certainement pas les baigneurs. En effet, les méduses se laissent porter par les courants. Celles qui étaient dans les profondeurs risquent donc de débarquer dans les prochains jours sur nos plages. En général, on constate une recrudescence de leur présence après les épisodes de mistral.
Si le mistral a fait également baisser la température de l’air, il a désormais faiblit et on atteint à nouveau les 30°. L’écart entre la température de l’air et celle de l’eau est donc important, plus de 15°, et encore plus si on reste de manière prolongée à bronzer en plein soleil.
En entrant trop rapidement dans l’eau, ce différentiel très important avec la température peut créer un choc thermique , c’est l’hydrocution. Il peut être fatal aux baigneurs. Cet été, il y a eu déjà plusieurs décès sur les côtes provençalces à cause de celà: Car un malaise dans l'eau se transforme rapidement en noyade.
Pour éviter ce risque, il faut rentrer progressivement dans l'eau ou se mouiller la nuque et le corps, afin de l'habituer à cette eau froide. Des crampes, frissons, troubles visuels ou auditifs, maux de tête ou sensation de malaise peuvent être des signes d'une hydrocution, il faut alors immédiatement appeler les secours.
C’est aussi pour cela que de nombreux surveillants de plage hissent un drapeau jaune synonyme de danger malgré une mer calme et aucun danger apparent : le choc thermique peut être violent si on n’y fait pas attention.
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Crédit photo: © Julien Veyssade / OTPM