La tournée d'adieu de Philippe CANDELORO est annulée nationalement.
Rencontre avec Philippe Candeloro
Interview réalisée en octobre 2008
Philippe Candeloro quelques mots sur ce dernier spectacle. Que va-t'on y découvrir, un best-of des précédents ou de nouvelles créations ?
Un peu les deux en fait. Effectivement, on a voulu mettre en scène une dernière fois la plupart des personnages que j'ai pu faire durant ma carrière sportive, donc on retrace 27 années et on s'arrête surtout à partir de 1994 avec le programme du Parrain. On a aussi sélectionné Lucky Luke, D'Artagnan, Braveheart, Travolta, Matrix qui sera la nouveauté et que je n'ai jamais fait en compétition, et le Samouraï que j'ai fait en 2005 pour Holiday on Ice. Il y a toute une histoire, dont le fil conducteur est que vous êtes dans un musée, ce qui permet de passer d'un tableau à un autre.
Et donc de nouvelles adaptations et des créations ?
Tous les personnages ont été revisités, re-stroryboardés. En fait, ce n'est pratiquement, que des nouvelles créations. On a gardé que les meilleurs passages individuels de ce que je faisais quand j'étais en compétition et on les a retravaillé, vu qu'ils ont tous été transformé en environ 15 minutes de tableau chacun. Donc forcement, ça a été une nouvelle création à mettre en scène pour nous. Si c'était de refaire les programmes comme j'ai pu le faire il y a cinq, dix ou quinze ans cela n'aurait pas été super marrant pour moi.
Comment se passe cette création ?
Déjà, c'est deux ans et demi d'écriture, de réflexion, de mise en place… beaucoup de rendez-vous pour savoir si techniquement on peut mettre ces choses là en scène et puis savoir si c'est faisable. C'est dix ans de réflexion pour moi et puis donc depuis deux ans et demi, on s'est beaucoup penché sur le problème. Le spectacle aurait dû être produit par Holiday on Ice. On ne s'est pas mis d'accord sur l'aspect artistique, j'ai été obligé de changer mon fusil d'épaule, donc on est parti sur une production en partie avec moi, et un autre producteur qui s'occupe de toute la partie administrative et exécutive. Comme ça, moi, je peux me concentrer sur la partie artistique. Je passe une heure et quart sur glace par spectacle et donc je dois me concentrer sur ce que j'ai à faire sur piste en évitant de me fatiguer à faire le reste. Tout en aillant un œil sur l'ensemble, puisque c'est toujours mon bébé.
Pourquoi avez vous décidé d'arrêter votre carrière de patineur ?
En 98, j'avais annoncé que je tirerai ma révérence dans dix ans. Donc, comme on arrive à l'échéance et que je suis un homme de parole, en général, j'essaye de tenir ce que je dis.
Et 2008, cela fait dix ans après Nagano. Cela fait une belle date anniversaire pour faire une belle fête une dernière fois tous ensemble. En tout cas, faire ma révérence au niveau sportif, parce que tout ce que cela me demande aujourd'hui pour être compétent sur la glace techniquement, c'est deux à trois heures d'entraînement par jour et je suis plus je pense capable, ni l'envie de faire ça tous les jours.
Après 27 ans de carrière, je me dis que c'était assez, et que je voulais en profiter une dernière fois, avec une tournée qui durera un an et demi. Donc plus longtemps elle durera, mieux ce sera pour moi. Et après on passera vers autre chose. Moi, je ne peux pas patiner jusqu'à 70 ans. Donc autant arrêter quand tout va bien pour moi, que plutôt que ça sent le roussi !
Et après ? Vous n'avez que 36 ans, c'est jeune pour devenir retraité !
Oui, j'ai 36 ans et encore pas mal d'énergie. Je vais faire un peu de théâtre pour m'amuser un peu et continuer un peu ce que je faisais quand j'étais sur glace. Et puis surtout pour apprendre ce métier de comédien, que tout le monde pense que j'ai déjà en moi, donc essayer de le renforcer. Peut être aller vers du cinéma, de la télé. Et puis après, pouvoir le transférer sur glace pour l'instruire à nos élèves qui demain, peut être, feront de la comédie musicale donc il faudra qu'ils apprennent à devenir comédiens .Justement, travailler sur la révélation de jeunes talents ça vous tente ?
Je n'enseigne pas aujourd'hui, parce que je pense que notre sport est en train d'évoluer. On va plus vers le spectacle que la compétition. J'ai beaucoup de choses à développer dans ce milieu, et notamment au niveau du spectacle, c'est pour cela que je souhaite derrière rester dans le monde de la production de spectacle. Je peux encore m'exprimer sans être forcement l'artiste sur glace.
Pour conclure, le contact avec le public, est ce que ce n'est pas ça qui va vous manquer le plus ?
Si. Je sais que c'est ce qui est dur à mettre à terme. C'est pour ça que quand je patine tous les soirs, je pleure avec le public et le public pleure avec moi. Parce que je sais que je dis « au revoir » une bonne fois pour toutes à toute une période de ma vie. Je ferme un chapitre pour aller vers autre chose. C'est aussi pour ça que je ne vais peut être pas le quitter complètement. J'ai une bonne notoriété en France, cela fait dix ans que je l'entretiens, je ne vais pas la gaspiller du jour au lendemain. Donc, c'est à moi de savoir rebondir, et puis on verra bien. J'espère que je ne me planterai pas. Et puis j'ai eu tellement de belles choses dans ma vie, je ne peux pas regretter grand chose !
Propos recueillis par Jean-Baptiste Fontana