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Ahmad Jamal fait entrer Marseille dans sa légende

Ahmad Jamal a présenté son dernier album Marseille cette semaine dans la cité phocéenne. Retour sur ce concert événement.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 16/06/2017
Ahmad Jamal fait entrer Marseille dans sa légende

Pensez que le jazz a près de 100 ans et qu'Ahmad Jamal fêtera bientôt ses 87 ans, c'est sur cette remarque qu’était introduit le pianiste sur la scène de l'opéra de Marseille. Le nouvel album tout fraîchement sorti et simplement baptisé "Marseille" ne pouvait trouver meilleur écrin que le cadre du Festival Marseille Jazz des Cinq Continents pour une première.
Démarche lente, immense sourire aux lèvres, celui que l'on surnomme "l'homme au Steinway" était accueilli chaleureusement.

Dès les premières notes, on constatait que le quartet reformé pour l'occasion par les talentueux James Cammack à la contrebasse, Herlin Riley à la batterie et Manolo Badrena aux percussions et voix, ne manquait pas de brio.
Les compositions s'enchainaient avec classe et parfois humour car il y avait une évidente connivence entre ces artistes. Le maître certes dirigeait fermement la formation en attribuant les solos et le tempo comme à son habitude, mais toujours avec humilité, pour mieux les mettre en avant.
Ce plaisir de jouer ensemble que l'on lisait aisément sur leurs visages était d'ailleurs partagé par chacun des spectateurs qui avait la sentiment d'assister à un instant privilégié de Jazz.

Le groupe fut rejoint pour deux morceaux par Mina Agossi puis Abd Al Malik fortement applaudis eux aussi.

L'album "Marseille", est un bel hommage à la cité fosséenne et si les paroles de la chanson éponyme semblent certes un peu naïves, elles sont empreintes à l'évidence d'une réelle et touchante tendresse.
" (...) Marseille, de ta mer de splendeurs et de regrets, de ton soleil implacable, jusqu’au soir tard. Marseille ta voix ne cesse de m’appeler."
Il est juste décevant qu'en ce soir de première le slameur Abd Al Malik ait dû s'aider d'une feuille pour interpréter ce titre, car certes le texte n'est pas de sa plume et il n'en est "que" le récitant, mais le Jazz s'entend ... et se regarde aussi.

Les morceaux s'enchainèrent encore, limpides, et quand vint l'heure de se quitter sous un tonnerre d'applaudissements, on n'avait qu'un seul véritable regret : qu'il n'y ait eu qu'un unique rappel !

On en aurait bien sûr voulu toujours plus pour cette soirée somptueuse, mais comme disait Sacha Guitry : "Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui." et cette remarque s'applique assurément aussi aux notes bleues d'Ahmad Jamal.

Didier Philispart

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