Nelisiwe Xaba n’a pas froid aux yeux. Dans son désormais célèbre Sakhozi says « NON » to the Venus présenté en 2011 au Pavillon Noir, la chorégraphe sud-africaine dénonçait avec une ironie cinglante le racisme et la xénophobie de part et d’autre des frontières. Aujourd’hui la voici repartie au combat, cette fois contre les ravages causés par le sida en Afrique et contre les rituels associés à la masculinité. S’inspirant de la tradition sud-africaine de la Danse du Roseau qui célèbre la préservation de la virginité des jeunes femmes jusqu’au mariage, Uncles & Angels interroge la validité de cet interdit, son poids sur la condition féminine actuelle. Et au-delà même dénonce les intrications entre corps et pouvoir… Pour évoquer, avec tact, ce sujet aussi délicat que périlleux, Nelisiwe Xaba croise savamment son écriture, entre tradition et modernité, les images vidéos et la création sonore de Mocke J van Veuren. Visuellement, elle ne s’interdit rien : ni les changements de costumes plus affriolants les uns que les autres, ni les parures provocantes et les beaux objets, ni la démultiplication de majorettes à son image par le truchement d’une caméra. On passe de la Reed Dance traditionnelle au Dance Floor en un jeu de lumières et un coup de reins ! Jouant sur un procédé similaire, Scars & Cigarettes interroge les codes et les symboles de l’hyper-masculinité. Deux pièces en miroir sur les phénomènes de socialisation des femmes et des hommes qui disent la force de sa détermination et de sa rage, de sa danse toujours plus inventive et iconique.
