Il n'y a pas de Ajar

« Nous sommes les enfants des livres que nous avons lus et des histoires qu’on nous a racontées, bien plus que de nos identités d’origine » martèle Delphine Horvilleur. Planqué au fond de son « trou juif », Abraham, fils caché d’Émile Ajar (Émile Ajar est le pseudonyme de Romain Gary), en est la preuve agacée et transgressive : celui qu’on dit n’est pas forcément celui qui est. Face aux obsessions identitaires, il vitupère contre ce « nous » qui enferme et rapetisse. Les mots tronçonnent, l’humour décape, portés par la fougue trublionne de Johanna Nizard. On prend des coups comme on prend conscience, chahutés par cet acte de rébellion qui forcément interroge.