L’idée directrice de cette version de la Flûte Enchantée est de faire ressortir l’aspect conte, ou fable, de cet opéra parmi les plus célèbres et les plus joués de Mozart. La mise en espace est simplifiée, intemporelle, presque à nu, afin que l’attention soit portée sur les personnages, leurs interactions et leurs dialogues. Le plateau est vide, et le jeu d’ombre et de lumières nous permet de suivre le parcours initiatique du jeune Tamino. Prisonnier de son éducation et de ses principes, tout comme l’est Pamina, il devra faire un énorme effort sur lui-même pour aller vers l’autre, celui qui est différent, et dépasser ses préjugés.
Le couple Tamino/Pamina incarne la possibilité d’une humanité future bienveillante et éclairée, susceptible de pouvoir guider le mode hors du chaos, de l’obscurantisme et de l’extrémisme. Papageno se contente de rester, avec simplicité et sympathie, dans la sphère de ce qu’il connaît et de ce qui le rassure, tel un adolescent qui refuserait de grandir. Les méchants le sont réellement, sans l’ombre d’une ambiguïté, afin de permettre à Tamino ce jeu en miroir qui le pousse à aller chercher plus profondément en lui, et à affronter ses peurs. Afin d’être au plus près des sonorités mozartiennes, l’opéra est chanté en langue allemande originale. Et les dialogues parlés, concentrés à l’essentiel à partir du livret original de Schikaneder, sont en langue française, nous permettant de suivre au plus près le parcours des personnages, et ce magnifique appel à l’humanisme, la tolérance, et l’ouverture à la différence voulue par Mozart.
Yann TOUSSAINT (direction musicale et mise en espace)
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