C'est un travail de plusieurs mois qui va se concrétiser le 10 mai prochain: Près de 150 coureurs volontaires se sont entraînés pour réaliser cette pièce à la frontière entre le sport et le ballet pensée par Pierre Rigal pour le Zef. Une véritable performance ! Si les acteurs de ce ballet jogging sont des amateurs de course à pied, ils ne sont ni sportifs professionnels, ni danseurs.
A raison de deux week-ends d'entraînement par mois, les bénévoles déjà coureurs et endurants, ont appris à occuper l'espace ; à penser intention collective tout en restant à l'écoute de sa propre individualité ; à se dépasser et à se connecter à son cerveau pour veiller au placement, à considérer l'autre, pendant la course alors même que l'effort physique a plutôt tendance à plonger l'esprit dans un état méditatif.
Presqu'un an de chorégraphie, d'entraînement...le résultat sera présenté le 10 mai au Stade Delort. Si ce ballet jogging ressemble à une performance, c'est aussi une véritable aventure humaine qui s'est jouée en coulisses.
A l'origine de ce Ballet Jogging, il y a le chorégraphe Pierre Rigal, mais il y a aussi une demande qui lui a été faite par le ZEF de penser une "création de territoire impliquant des amateurs qui n'ont pas forcément l'habitude de faire des spectacles" explique t-il.
Et si cette proposition semble évidente au regard du parcours du chorégraphe qui ne vient pas de la danse académique, mais plus du sport, notamment de l'athlétisme, elle fut une suprise pour l'équipe du ZEF.
" J'ai eu l'idée de travailler avec des coureurs et des coureuses à pied. C'était quelque chose qui était pour moi relativement naturel. C'est un monde que je connais bien puisque j'ai moi-même pratiqué l'athlétisme de manière assez intensive dans ma jeunesse. Mais évidemment pour toute l'équipe du ZEF, la directrice Francesca Poloniato et toute son équipe, c'était un peu une surprise. Je leur ai expliqué, je les ai convaincus. Ils ont aimé l'idée, et donc on est parti tous ensemble dans cette aventure, à trouver au moins une centaine de personnes qui ont une pratique de la course. "
Pierre Rigal, chorégraphe
Les personnes ont été sélectionnées sur un critère simple : "Il suffisait d'être capable de pouvoir courir 50 minutes sans s'arrêter. C'est un critère d'endurance et non pas un critère de vitesse. Chacun, selon son âge et ses capacités, peut courir, et peut donc participer à ce projet. "
Une fois les personnes sélectionnées, les entraînements ont pu commencer et le rôle du chorégraphe a été de faire fonctionner le groupe. Pour que la pièce fonctionne, il fallait aussi cerner les capacités de chaque individu.
"On a élaboré petit à petit des espèces de scénarios, des systèmes. dans lequel des trajectoires sont définies un petit peu en fonction du niveau de rapidité de chacun. On obtient au final quasiment une heure d'un spectacle qui est à la fois un spectacle artistique, une chorégraphie de trajectoire et à la fois un spectacle de sport puisque c'est une performance physique où chacun est à proximité de ses limites physiques."
Pierre Rigal, chorégraphe
" C'est un spectacle de gens qui courent. Et en fait, on a l'habitude de voir des gens qui courent, qui vont d'un point A à un point B, et bien là, dans ce spectacle, il y aura quand même des surprises. Les gens ne vont pas d'un point A à un point B, ils vont d'un point A à un point A', et ils iront jusqu'à B, mais en passant par différentes surprises. Donc on va être surpris par des géométries, des efforts qui vont nous amener là où on ne pensait pas arriver ou par où, on ne pensait pas passer. "
Pierre Rigal, chorégraphe
Le résultat de cette "aventure passionnante" c'est un Ballet Jogging surprenant, inspiré des "nuées d'oiseaux qu'on voit dans le ciel où tout un tas d'individus courent ou volent et réalisent une chorégraphie époustouflante collective."
Chaque individu ou groupe d'invidu crée un ballet en empruntant différentes trajectoires, en faisant des zigzags, des cercles, des lignes droites... Le tout forme une oeuvre collective "où l'entraide et la conscience des uns et des autres est importante. Il y a des figues, si une personne rate, ça fait rater toute la figure."
"Solidarité, bienveillance, responsabilité individuelle et collective", au-delà du geste artistique, c'est une intention d'humains tournés les uns vers les autres qui s'observera le 10 mai. Le tout accompagnée par "une création musicale conçue spécialement pour la pièce, pour cet événement, qui est une création musicale composée par Julien Lepreux. Et bien sûr, c'est aussi un apport à ce projet, c'est-à-dire qu'on découvre des gens qui courent dans différentes directions et dans différents objectifs, et tout ça accompagné de l'intensité émotionnelle et dramaturgique d'une musique. C'est aussi ça qui est particulier."
Pour découvrir cette création, rendez-vous le 10 mai au Stade Delort :
Stade Delort
Entrée Impasse de la Ola, 13008
Marseille
20 °
