Ces spectacles à forte valeur culturelle sont un peu « une mode », que pensez-vous de leur émergence ?
"L’Inde est un pays de danse et de chant. Les gens dansent et chantent quand ils sont contents comme quand ils sont fâchés. Transcender le quotidien a toujours été une préoccupation majeure en Inde. Le genre du “musical” est donc tout naturellement né en Inde, il y a de cela plus de cent ans, avant d’être surpassé par le cinéma, pour de nombreuses raisons, notamment économiques.
"L’Inde est un pays de danse et de chant"
Aujourd’hui, Bharati, même s’il n’a jamais été joué en Inde, en partie en raison du manque d’infrastructures pour l’accueillir, fait partie de l’imaginaire collectif, car une quantité d’extraits du spectacle sont visibles sur l’internet. Au vu de cette réussite, plusieurs shows s’en sont inspirés, mais aucun n’a connu le même succès que lui, car Bharati est merveilleusement fédérateur et bien construit."
Bharati en chiffres ça donne quoi ?
"Le spectacle a déjà été plébiscité dans une vingtaine de pays par 1,5 millions de spectateurs. Aux côtés de plus de 100 musiciens et danseurs. Et plus de 6000 danseurs et chanteurs auditonnés."
Peut-on dire que Bharati reflète les traditions indiennes, ou bien le show est-il adapté « à l’occidentale » ?
"Bharati est une transposition sur les planches de l’esprit et de l’esthétique du cinéma de Bollywood. Bharati est une mosaïque de l’Inde : on y chante en tamoul, il y a des costumes du Rajhastan ou du sud-est du pays…"
Bahvna : Quand avez-vous commencé à danser ?
« J’ai eu la chance de commencer la danse très jeune, à 6 ans en entrant dans la meilleure école de danse de Bombay, le collège de danse classique Nalanda. Mes parents n’envisageaient pas du tout ma vie ainsi. Ma mère, qui ne travaille pas, me rêvait ingénieur ou scientifique et mon père, producteur à Bollywood, m’avait fait étudier la danse classique et la musique indienne."
Bahvna : Danser a-t-il "changé votre vie"?
« J’ai toujours souhaité embrasser une carrière artistique mais je ne savais pas laquelle. En Inde, les acteurs jouent, les chanteurs chantent, les danseurs dansent. J’ai toujours trouvé cela assez réducteur. Lors du casting de Bharati, il y avait des centaines de candidates, je ne croyais peu en mes chances et j’ai finalement été retenue."
Bahvna : Comment êtes-vous devenue une artiste professionnelle ?
"J’ai commencé à 14 ans par de petits rôles au cinéma et des publicités. En 2004 j’ai décroché le rôle de « Vettam » remake de « French Kiss », réalisé par SomanPriyadarshan, où je reprenais le rôle de Meg Ryan. J’ai découvert les planches avec Bharati! La scène est quelque chose de très rare en Inde, il y a de petits récitals de danse, mais pas de grands spectacles, genre que je trouve extraordinaire. »
"Beaucoup de spectateurs m’ont avoué leur envie de visiter mon pays après avoir vu le show."
Bahvna : Jouer dans Bharati était-il une évidence pour vous ?
"Oui, ce show fait découvrir l’Inde, son esprit, son énergie, sa culture. ET l’Inde est l’un des pays les plus à la mode, les plus célébrés de par le monde – tout spécialement en France. Je crois que les français adorent sa mode, ses musiques, et les danses de Bollywood tout autant d’ailleurs que sa cuisine et son artisanat. Beaucoup de spectateurs m’ont avoué leur envie de visiter mon pays après avoir vu le show."
Bahvna : Pouvez-vous nous raconter l'histoire du spectacle ?
"Le spectacle raconte la romance impossible entre un Indien occidentalisé et la fille d’un indien traditionnalisé, dans une version agrémentée de chansons, de chorégraphies et de décors inédits, de costumes flamboyants. Mais c’est aussi un hommage à la culture indienne. Tel un guide touristique, un narrateur dispense des leçons sur les traditions indiennes, interpelle le public ou lui raconte des histoires comiques. Le show présente aussi des numéros d’acrobaties et même une touche d’arts martiaux."
Bahvna : Quels sont vos futurs projets ?
"En plus de Bharati je travaille pour le cinéma de chez moi en Inde, je fais des publicités aussi. Mais pour être franche, je n’ai pas eu la possibilité de réfléchir à une autre projet de cette envergure car la danse et le théâtre prennent tout mon temps."
