C'est à Amadou et Mariam que revient l'honneur d'ouvrir la 20ème édition de la Fiesta des Suds. Sous le chapiteau, l'ambiance est aussi chaude que la température extérieure de ce 14 octobre. Parés de vêtements traditionnels aussi soyeux que leur musique est douce, les deux amoureux entendent bien faire déhancher les foules. Le couple malien pétille de vie et distille sa bonne humeur au public. Tandis qu'Amadou fait vibrer sa guitare, Mariam réchauffe le public et le fait crier. Ca commence à se dandiner dans le public porté par le rythme et les secousses des musiciens. Les choristes troquent volontiers leur voix contre une petit démonstration de danse et l'une d'elles finira même son subtil déhanché par un grand écart. Fort de leur succès mondial propulsé par Demon Albarn, Amadou et Mariam n'en oublient pas pour autant leur premiers morceaux et interprètent en guise de rappel le délicieux Je pense à toi, pour le plus grand plaisir des fans.
Pendant ce temps... Zaza Fournier donne une leçon de rock au public de la Salle des Sucres " on écarte les jambes, on plie les genoux et on se tortille de droite à gauche" :
Zaza Fournier
C'est donc dans une ambiance déjà bien chauffée que Kid Créole and the Coconuts prennent la suite sous le chapiteau. Icône des années 80, Kid Créole fait son grand retour toujours accompagné des Coconuts, trois blondes gratinées aux tenues légères. Groove kitsh, latino, tropical et inclassable, la musique de Kid Creole est toujours aussi décalée. Le crooner August Darnell règne toujours sur le style qu'il a crée avec le personnage de Kid Creole.
Minuit, direction la Salle des Sucres où la magie opère en la personne de Saul Williams. Dire que c'est excellent serait trop faible pour décrire ce qui se passe. Pour taper juste, c'est l'apothéose. Dès les premières minutes le rythme est explosif. L'ambiance sombre à souhait laisse un voile de lumière sur Saul qui débite ses paroles sans jamais interrompre le flow de ses mots. Explain My Heart, Patience, Look To The Sun et bien d'autres morceaux de son dernier album Volcanic Sunlight s'enchaînent avec fougue. Le public est littéralement subjugué, comme immergé au plus profond de l'univers de Saul Williams. Si certains semblent planer, d'autres en profitent pour ressortir un po-go de derrière les fagots. Sans aucun doute, le meilleur concert de la rentrée !
Un samedi sous le signe du flamenco
Le samedi 15 octobre, c'est sous le flamenco que vibre le chapiteau. Aux commandes, le guitariste Paco de Lucia, que d'aucuns qualifient de génie, règne en maître. Tous les flamencos de la région ont fait le déplacement. Pour Paco, évidemment, mais aussi pour deux autres têtes d'affiche du flamenco : Duquende au chant et Farruquo à la danse. Baignant tous trois dans le flamenco depuis leur plus tendre enfance, leur union est une évidence. Pendant que Duquende élève sa voix de maestro, Paco donne une leçon de guitare et Farruquo de danse. Ce dernier, issu d'une famille où le père, le grand-père et les frères sont danseurs, est un prodige du baile à lui tout seul. Mais ses apparitions sur scène sont trop courtes au vu de la grandeur de ses prouesses. Il est à noter que le concert était curieusement et agréablement teinté de notes d'harmonica et que le chanteur David de Jacoba a su se faire remarquer avec sa voix donnant dans les aigus et son impressionnante ardeur. Quel bonheur de voir à nouveau du flamenco dans la programmation du festival !
Après les dernières notes flamencas, il ne reste plus qu'à se réchauffer le cœur avec le Bal Enchanté de l'Afrique dont le seul nom évoque à lui tout seul toute l'énergie qui se dégage sur scène. Un grand moment !
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Reportage : textes Linda Mouffek
Photos : Didier Philispart, Linda Mouffek, Jean-Philippe Fontana
