Chaque été, les marchés colorés, les étals de fruits et la gastronomie locale séduisent des millions de visiteurs en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais cette authenticité de façade cache parfois des pratiques trompeues.
"Quand c'est trop beau pour être vrai, il y a souvent une arnaque derrière."
Nathalie Guerson, Directrice départementale de la protection des populations du Var met en garde. "Souvent, la plupart des escroqueries peuvent être contournées par les touristes eux-mêmes." Voici les cinq fourberies les plus courantes de cette saison.
A première vue, l'affaire semble alléchante. Trois kilos de "dorade rayée" pour une dizaine d'euros sur le marché aux poissons de Marseille. Mais attention : ce poisson - comme indiqué en petit sur la pancarte - est en réalité une saupe. Une espèce effectivement rayée mais qui n'a rien de la belle et bonne dorade royale.
Au-delà de son absence d’intérêt gustatif, la saupe peut provoquer de sévères intoxications alimentaires. Certaines parties de son corps sont même hallucinogènes, l’animal accumulant les toxines des algues dont il se nourrit. Bref, dans le sud de la France, personne n'achète ce poisson qui est souvent pêché involontairement.
"Les consommateurs se font piéger par le prix et par le nom, qui entretient volontairement la confusion" explique Nathalie Guerson. Son conseil : toujours vérifier l'étiquetage exact et poser la question au vendeur pour bien connaître les produits. Un vrai poissonnier n'a rien à cacher sur la provenance de ses produits.
Carrés colorés, parfumés à la lavande ou au citron. Les faux savons envahissent les marchés provençaux. Or, la version idéale du savon de Marseille retenue par l'Union des Professionnels du Savon de Marseille est fabriquée avec 72% d'huile végétale, sans parfum ni colorant ajouté. Ces imitations, produites à bas coût, trompent les touristes en quête d'authenticité. Ni la qualité, ni le respect du savoire-faire local n'en sont garantis.
"Le décor provençal, la nappe à fleur ou les cigales en plastique ne suffisent pas à prouver l'origine", insiste Nathalie Guerson. Elle recommende d'acheter directement dans les savonneries ou auprès des distributeurs officiels et de bien lire la composition du produit avant de sortir le portefeuille.
Les produits du terroir font rêver. Mais un melon de Cavaillon ou une figue de Solliès ne se trouvent n'importe où ni toute l'année. La DDPP sanctionne régulièrement la francisaton de produits importés, revendus sous appellation provençale pour appâter le touriste.
Exemple : un stand de "melons de Cavaillon" à Toulon, qui provenaient en réalité… d’Espagne. "Un producteur local ne vendra jamais de kiwis, ni de fruits hors saison", rappelle Nathalie Guerson. Ainsi, privilégier les achats dans les moulins, chez les apiculteurs ou sur les marchés de producteurs permet de limiter les risques. L'origine locale se reconnaît à la diversité limitée des produits et à la transparence des vendeurs.
La vigilance est aussi de mise dans les restaurants. Plusieurs contrôles ont révélé des cartes vantant des huîtres de Marennes-Oléron ou des plats "faits maison". Alors qu'il s'agissait de coquillages industriels ou de préparations issues de l'agroalimentaire.
La truffe est également concernée. Des plats annoncés "à la truffe" mais servis avec un simple arôme artificiel. "Les allégations d'origine sont parfois mensongères, prévient Nathalie Guerson. Il faut lire attentivement les cartes et ne pas hésiter à se renseigner." Pour savvoir si un établissement est sérieux, les touristes peuvent consulter Alim'Confiance, un site officiel qui publie les résultats des contrôles sanitaires.
Après les sacs et lunettes, place aux jouets. Cet été, les contrôleurs de la DDPP on repéré des Labubu, petites peluches à la mode, vendues sur internet comme sur les plages. Au-delà de l'escroquerie habituelle, ces contrefaçons présentent un danger bien réel. Certains éléments se détachent facilement et peuvent provoquer des étouffement chez les plus jeunes.
"Internet génère toujours son lot d'arnaques", note Nathalie Guerson. Pour s'en protéger, mieux vaut éviter les achats à la sauvette et privilégier les circuits de vente officiels. En cas de doute sur un produit, un signalement peut être fait directement sur la plateforme publique SignalConso.