aujourd'hui 12h
C’est une « pépite » du patrimoine marseillais qui prend la poussière depuis des décennies. Le Pavillon du partage des eaux aux Chutes-Lavie permettait de répartir les eaux du canal de Marseille vers le centre ville, avec son ingénieux système de bassin en hauteur, tel un château d’eau. C’est un bâtiment unique en France, à la fois très technique, mais aussi avec un réel travail artistique comme le faisaient les architectes à la fin du XVIIIe siècle : Des gargouilles, une verrière, des céramiques, une façade historique… Le Tore, comme il est souvent appelé, est un bâtiment emblématique et oublié de l’histoire de Marseille.
Ce jeudi après-midi, le maire de Marseille, Benoît Payan, fait la visite du bâtiment en compagnie de ses adjoints et de la presse. « Restez bien à gauche en montant, et d’une manière générale aussi ! » Conseil politique avec malice, mais surtout pour éviter de s’appuyer sur la rambarde de cet escalier plus que centenaire qui tient fragilement avec des bouts de planches et ses ferronneries rongées par le temps.
Une rénovation a bien été réalisée au début des années 2010 sur la partie supérieure de l’édifice. Un travail d’urgence, pour éviter que cette verrière ne s’écroule. L’édifice, construit entre 1899 et 1901, est classé depuis 1998 et n’est plus utilisé depuis 2001. A part cette rénovation de la verrière, il ne s’y est plus rien passé.
« C'est une pépite patrimoniale qui était fermée et qui pendant des décennies et des décennies a été fermée. Elle va être rouverte aux Marseillaises et aux Marseillais. On va lancer un concours. Ça va être autour de l'eau puisque la vocation de ce bâtiment, c'était le bâtiment de partage des eaux. » Benoît Payan, Maire de Marseille
Pourtant, dans le début des années 2000, la Ville de Marseille avait pourtant imaginé y créer un Musée de l’Eau. Un projet qui n’a jamais abouti, malgré de belles planches d’architectes qui imaginaient le transformer en centre d’art (à voir en ligne ici). A l’époque, le budget était estimé à 3,5 millions d’euros.
Depuis les finances de la ville ne se sont pas améliorées, et dans le contexte budgétaire actuel, la ville ne souhaite pas investir des millions pour le rénover.
La Ville de Marseille s’apprête donc à lancer un appel à manifestation d’intérêt pour trouver des porteurs de projets intéressés pour rénover le lieu et l’utiliser comme espace public. De généreux mécènes ou fondations, où même des entreprises ou associations, qui, en contrepartie du financement des travaux, pourraient utiliser ce lieux sur un bail de longue durée.
La Ville de Marseille se fixe plusieurs impératifs : que ce lieu soit ouvert au public et qu’il conserve un lien avec la thématique de l’eau. « Le pavillon du partage des eaux deviendra ainsi un lieu culturel et convivial à vocation patrimoniale et pédagogique sur le sujet de l’eau » précise la ville dans sa note transmise à la presse.
D'autres critères sont précisés: « Le cahier des charges des appels à projets exigera l’ouverture aux Marseillaises et Marseillais, le développement de projets inclusifs et accessibles à toutes et tous, une recherche de créativité dans la proposition, tout en restant économiquement réaliste. »
Le fait que le bâtiment soit classé va également contraindre les porteurs de projets à respecter strictement l’architecture et certains éléments hydrauliques encore présents dans ce lieu, mais ils pourront aussi bénéficier d’une aide financière de l’Etat pour ces travaux de rénovation.
Entre les lignes, la ville explique ne pas vouloir rejouer le scénario du Parc Valmer, avec un investisseur désigné sans mise en concurrence. Cette procédure ouverte permettra d’avoir davantage de transparence sur le choix des porteurs de projets.
La Ville de Marseille dispose de plusieurs autres « pépites » qu’elle souhaite rouvrir aux Marseillais. L’enjeu financier des rénovations y est toujours présent, mais il y a aussi celui de la réappropriation par les Marseillais.
Ce sera par exemple le cas prochainement de la Villa Athéna et de la Bastide de Château-Gombert dans le 13ème arrondissement. Des visites et ateliers doivent permettre aux habitants de proposer des idées qui seront ensuite reprises par la Ville dans son cahier des charges pour trouver des partenaires investisseurs.
D’autres lieux seront aussi proposés, comme un immeuble dans le 7ème arrondissment aujourd’hui muré, ou un grand immeuble du bas du boulevard des Dames qui pourrait avoir une vocation culturelle autour du cinéma et de la formation.
