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Florent Marchet l'interview

Florent Marchet est en tournée avec son troisième album Courchevel. A l'occasion de son passage à Istres, Frequence-sud part sur ses pistes.

Publié par Pauline . le 30/03/2011
Florent Marchet l'interview

Vous avez baigné très jeune dans la musique, était-ce une évidence de suivre cette voie ?
Une évidence
et même parfois un petit handicap ou un problème ! Mes parents organisaient au départ bénévolement des concerts dans le village, et très vite pour moi il n’a pas été question de faire autre chose que de la musique. Et c’est vrai vers 18 ans, j’ai eu un petit peu peur. J’avais tout misé là-dessus. C’est bizarre quand on a tous ses camarades de classes qui hésitent et se posent plein de questions sur leur avenir. Et se dire que pour soi c’est tout tracé dès l’enfance. Aujourd’hui je pourrais dire qu’il y a d’autre truc qui aurait pu m’intérrésser comme la sociologie. J’ai fait des études de philo au départ, mais voilà j’aurais aimé apprendre d’avantage. A l’époque c’était vraiment la musique.

Votre 3ème album Courchevel est sorti en 2010. Y a-t-il quelque chose qui a changé dans la préparation de cet album par rapport aux précédents ?

Pas vraiment. La différence c’est que j’écris textes et musique en même temps. J’ai enregistré dans mon studio, une sorte de laboratoire. J’ai plus d’outils et de connaissance qu’avant. Curieusement j’étais peut-être plus serein.

Entre Courchevel, Narbonne Plage, on sent que vous observez un milieu qui n’est pas le vôtre ?
C’est plus une ouverture sur la France. Cet album est davantage tourné vers les autres. Il est moins introspectif que Rio Baril, même Gargilesse. Chaque nouvel album se fait en réaction au précèdent. Là, j’ai eu envie de parler des autres vies que la mienne.
A chaque fois que j’écris quelque chose j’ai besoin d’avoir un lieu, une géographie bien déterminée. Ce que l’on recherche dans la vie des autres c’est ce qui ferait écho à notre propre vie. C’est pour cela que j’écris des chansons, j’ai l’impression d’une meilleure compréhension du monde ou de me faire comprendre des autres. Ca part aussi d’une difficulté que j’avais de communiquer avec les autres.

Ses personnages, comme Benjamin, ils sortent de votre imaginaire ?
Pour moi l’imaginaire ça n’existe pas vraiment
. On pourrait appeler cela l’inconscient, mais finalement c’est forcément des choses qui existent. Je m’en rends compte après coup. Il y a quelque chose de quasi psychanalytique dans l’écriture. Benjamin c’est peut-être ce que j’ai été par moment, ce que j’ai eu peur de devenir, c’est aussi des amis, des gens que j’ai pu rencontrer.

On retrouve dans cet album un duo avec Jane Birkin, comment s’est passée cette collaboration ?
De toute façon sur cet album j’ai été assez capricieux. J’ai eu de envies, et j’ai tenu à ce qu’elles puissent aboutir jusqu’au bout. J’ai eu très envie d’avoir le percussionniste Mamadou Koné Prince, j’ai réussi à le faire venir par je ne sais quel miracle, pareil pour Jane Birkin. Quand j’ai écris cette chanson Roissy, qui parlait des évènements du 11 septembre, j’ai eu très envie d’avoir la voix de Jane. Sa voix intemporelle pouvait maintenir une sorte d’ambiguïté. J’aime bien qu’on ne sache pas trop dans la chanson, s’il s’agissait d’une mère et de son fils qui conversaient ou si c’était deux amants ?
Son accent, son talent, sa voix m’émeut beaucoup. J’ai su qu’elle aimait Rio Baril, je me suis permis de lui faire parvenir la chanson et elle a dit oui très rapidement. C’était assez magique de la voir débarquer chez moi pour travailler la chanson. C’était un très beau moment.


D’où est venue cette volonté de faire un album un peu plus pop ?
Le premier était déjà très pop. C’est de la musique que j’écoute. Ces trois dernières années j’ai écouté des choses plus synthétiques, les compositeurs français des années 70. Puis je sortais de l’expérience le frère animal, qui est un livre disque avec des plages très très longues. J’ai eu besoin d’un format court. Je croîs que quand on vient de faire un marathon, on a envie de faire du 100 mètre.

Nouvel album, nouveau look, nouveau label, tout a changé cette année pour vous ?
Chaque album c’est un tournant dans une vie
. Là c’est peut-être plus visible. En général un nouvel album est accompagné d’un changement de vie. Lorsqu’on arrive avec un nouvel album c’est une photographie d’un instant, mais il s’est passé deux ans entre temps. On se rend compte de la progression un peu comme quand on regarde les photos. Je me suis rendu compte que l’album était plus synthétique, entre temps j’ai travaillé avec beaucoup de gens. C’est des rencontres qui font qu’on change et qu’on n’est plus le même. J’ai déménagé, j’ai eu un enfant aussi, c’est plein de chose qui changent la vie. Un jour on part deux, trois jours, on se rase sauf la moustache puis on se dit tiens, c’est pas mal, on reste comme cela pendant quelques mois, puis on oublie qu’on la porte, et un jour on vous le rappelle parce que vous sortez un album. Rires

Vous avez écris et composez pour d’autre comme Clarika, Axelle Red, Elodie Frégé, c’est quelque chose que vous appréciez tout particulièrement ?
Oui c’est quelque chose que je cherchais au départ, plus que de devenir chanteur.
Puis comme personne n’a voulu chanter mes chansons je les ai chanté moi-même. Et maintenant au fur et à mesure des rencontres… Ce n’est peut-être pas complètement un hasard mais j’écris pour des femmes mais c’est surtout parce que cela me permet d’exprimer des choses que je ne pourrais pas exprimer pour l’interprète que je suis. L’idée de rentrer dans la vie de quelqu’un d’autre, d’essayer d’exprimer ce qu’est l’autre à travers ceux que je suis, ça été de belles expériences.


Les critiques de Courchevel ont été très bonnes, c’est quelque chose qui vous met en confiance ?
Oui, ça fait du bien moi qui fais beaucoup de crise de confiance, ça a tendance à me rendre un peu plus serein même si ce n’est jamais gagné. C’est comme le trac avant de monter sur scène, c’est un truc je pense qu’on ne perd jamais.

Florent Marchet sur scène ça donne quoi ?
Ce n’est pas forcément ce que je suis dans la vie, c’est une part plus intime que je vais exprimer sur scène, dans le sens où j’ai toujours pensé qu’être sur scène c’est l’inverse d’un processus narcissique. Faut s’abandonner, s’oublier. Pour moi c’est un moment de fête.
Le concert, c’est une sorte d’extension de l’album avec un décor, une scènographie, de la vidéo. Je le vois comme un vrai spectacle.

Florent Marchet, en concert le 2 avril à l'Usine, Istres
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Propos recueillis par Pauline V.
Crédit Photo : Matthieu Dortomb

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