On se croirait presque en Bretagne si les cigales ne s'en donnaient pas à tue-tête. Ce lundi matin, la température de l'eau mesurée aux Lecques affiche un petit 18°, à peine plus à La Ciotat. Alors qu'elle était à plus de 28° ces derniers jours. Il va être difficile de rentrer dans l'eau aujourd'hui!
Il y a quelques jours pourtant, on s'alertait de la hausse des températures de l'eau sur certaines plages. Elle dépassait même les 30° et les experts parlaient de canicule marine avec des conséquences néfastes pour les écosystèmes fragiles de nos côtes.
Ce sont les secteurs les plus impactés par le mistral qui ont subit la plus forte baisse de la température de l'eau, notamment dans les Bouches du Rhône et l'Ouest Var. A Saint Tropez et à Menton, là où le mistral a moins soufflé, la baisse est de seulement 2° selon les données du laboratoire MIO de l'Observatoire des Sciences de l'Univers PYTHEAS.
Le mistral a soufflé fort ce weekend, jusqu'à 80km/h. Et de ses conséquences en mer, c'est le phénomète d'upwelling bien connu des scientifiques.
Le mistral a deux effets: en venant de la terre, comme à La Ciotat ou sur Côte Bleue, il pousse les eaux de surface vers le large. Ces eaux de surface peuvent aussi s'évaporer plus rapidement à cause des vagues et de la force du vent.
Il faut savoir que ces eaux habituellement chaudes en été, le sont en réalité uniquement sur les premiers mètres de profondeur, ensuite, dès plusieurs dizaines de mètres, la température de la mer chute à moins de 13°.
Ce sont donc ces eaux de surface chaudes avant l'épisode de mistral qui ont disparu. La nature ayant horreur du vide, elles sont donc remplacées par cette eau froide venue des profondeurs.
Cette arrivée d'eau froide sur les plages est une excellente nouvelle pour la nature: Elle va ralentir ce phénomène de "canicule marine" dévastateur pour les écosystèmes: disparition des gorgones (c'était le cas en 2022 dans les Calanques), prolifération d'espèces invasives exotiques, et notamment des vers ou des poissons vénimeux... C'est toute la biodiversité actuelle qui est remise en cause quand la Méditerranée est en surchauffe.
Mais l'arrivée de ces courants d'eau glacée des profondeurs amènent aussi du phytoplancton. Ces particules microscopiques sont un élément essentiel dans la chaîne alimentaire des poissons. Et bien souvent, ces courants froids peuvent aussi ramener de nombreuses méduses vers le littoral. Il est donc possible que dans les jours prochains ont puisse constater davantage de méduses dans ces zones.
La bonne nouvelle pour les baigneurs frileux, c'est que la température de l'eau peut remonter très rapidement en été. Mais la mauvaise, c'est qu'un nouvel épisode de mistral est annoncé dès ce mercredi. La baisse de la température de l'eau pourrait donc se prolonger sur cette deuxième partie du mois d'août
En cas d'eau trop froide, et surtout avec un différentiel très important avec la température de l'air, les surveillants des plages pourraient hisser le drapeau jaune synonyme de danger.
Car plonger dans une eau froide accentue le risque d'hydrocution. La différence entre la température de l'air et celle de l'eau peut créer un choc thermique, il peut être fatal aux baigneurs. Cet été, il y a eu déjà plusieurs décès sur les côtes provençalces à cause de celà: Un malaise dans l'eau se transforme rapidement en noyade.
Pour éviter ce risque, il faut rentrer progressivement dans l'eau ou se mouiller la nuque et le corps, afin de l'habituer à cette eau froide. Des crampes, frissons, troubles visuels ou auditifs, maux de tête ou sensation de malaise peuvent être des signes d'une hydrocution, il faut alors immédiatement appeler les secours.
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Crédit photo: © Julien Veyssade / OTPM