Agnès Varda a nourri un attachement particulier à Sète. Sétoise d’adoption pour y avoir été réfugiée adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale, elle y revient chaque année jusqu’au début de 1960. Photographe amateure dès 1947 puis professionnelle, elle capture avec son Rolleiflex amis, voiliers, quais de la cité méridionale, saisit les joutes sur ses canaux… et bientôt les traverses et pêcheurs de la Pointe courte, ce quartier populaire de l’étang de Thau, celui-là même qui ancre son premier film tourné en 1954.
Parcourir les planches contacts d’Agnès Varda rend compte de son cheminement photographique. L’exploration de l’archive devient alors enquête. Comparer les quelque 800 vues prises à Sète, noyées dans le corpus de sa pratique photographique, avec la minutieuse sélection qu’entreprend la jeune femme dès 1953 pour préparer son film, permet de révéler sa vision. Il n’est pas ici question de photographies de plateau ou de tournage mais bien de ce qui a préexisté à l’idée du film ou participé à sa conception. Ces photographies de référence et de repérage réunies sur neuf planches lui ont inspiré des scènes, des atmosphères, des plans fixes même. Ses sujets et motifs de prédilection sont encore confirmés par la redécouverte de tirages d’époque ou tardifs, reflets de ses préférences.
Alternant un style graphique et réaliste, Agnès Varda produit un film radical qui n’a pas échappé aux cinéphiles avertis et critiques de l’époque. Nombreux saluent l’originalité de son scénario et surtout l’audace de son autrice connue pour être la photographe officielle du Festival d’Avignon et du Théâtre national populaire. Réalisé avec peu de moyens, La Pointe courte arbore une indépendance artistique qui rompt avec les codes du cinéma de son temps au point d’être qualifié de précurseur de la Nouvelle Vague.
Avec une première exposition de photographies en juin dans sa cour de la rue Daguerre (Paris 14) et le tournage pendant l’été de son premier film, l’année 1954 cristallise chez Varda le lien ténu entre ces deux modes d’expression qui annonce une œuvre singulière.
Carole Sandrin
COMMISSAIRE : CAROLE SANDRIN, ASSISTÉE D’ELISA MAGNAN
Forfait toutes expositions - 32€ - 39€
Forfait journée - 27€ - 32€
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