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Reportage 2010 : Diego el Cigala et Rocio Marquez aux Suds à Arles : le chant flamenco dans toute sa splendeur !

La soirée flamenca du vendredi 16 juillet au festival Les Suds à Arles fût riche en rebondissements. Il s'en est fallu de peu pour que Diego el Cigala, la tête d'affiche, ne puisse donner de représentation. C'est une grève de contrôleurs à Madrid qui aurait bloqué tous les avions et, par la même occasion, celui dans lequel Diego devait embarquer...

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 20/04/2009 - Modifié le 13/03/12 14:23
Reportage 2010 : Diego el Cigala et Rocio Marquez aux Suds à Arles : le chant flamenco dans toute sa splendeur !

A peine arrivés devant les portes du Théâtre Antique, des cris de colère et de protestation émanent du public. A l’entrée du théâtre antique, une inscription indique que Diego el Cigala ne sera peut-être pas de la partie ce soir… Un fâcheux événement quand on sait qu’il est la tête d ‘affiche de la soirée et que le public vient de la région entière pour voir le cantaor andalou. Les fans sont indignés...
De la colère pour certains, de l’incompréhension pour d’autres : pour tous, une grande déception. Mais la situation peut à tout moment se débloquer selon les organisateurs qui restent optimistes. Cela n’empêchera pas une bonne partie du public de faire néanmoins demi-tour…

Une fois tout ce tumulte passé, la soirée accueille en première partie Rocío Márquez, étoile montante du flamenco. Il est 22h et la jeune chanteuse andalouse promet au public de rallonger son spectacle et de faire durer le plaisir jusqu’à ce que Diego arrive, car il serait à bord de l’avion nous dit-on juste avant que Rocío ne commence. Majestueuse dans sa robe, elle incarne la grâce. Le public est subjugué dès les premièrs échos de sa voix qui chante un « flamenco puro ». Elle excelle dans des rythmes « taranto » qui servent à la perfection sa voix et son style de chant à l’ancienne. Sa voix juste et profonde exprime toute la passion et le duende du flamenco (- expression difficilement traduisible -, sorte d’état de grâce où l’émotion est à son comble). Les morceaux sont sublimes de justesse et forts d’un chant qui respecte la tradition tout en étant jeune et limpide.
Il faut dire que la cantaora et le cadre du Théâtre Antique créent une espèce d’alchimie visuelle et sonore assez déroutante. La foule semble en avoir oublié l’incident du début de soirée.

Après un suspens harassant, Diego el Cigala arrive enfin sur les coups de minuit à Arles. Le temps de se poser et de se réchauffer le gosier, il laisse ses musiciens prendre place. On commence par le joueur de cajón et le contrebassiste. Vient le tour du guitariste puis du pianiste, histoire de faire les présentations un à un et Diego el Cigala, tant attendu, fait enfin son entrée sur scène à minuit et demi. Le public laisse éclater sa joie. Place à la magie Cigala.
Si le cantaor gitan Diego Jimenez Salazar est surnommé Diego El Cigala, son surnom n’a rien à voir avec une quelconque comparaison au chant de la cigale. Car el cigala, en espagnol signifie la cigale de mer. Un surnom dont il a hérité tout petit, de la manie qu’il avait de gigoter sans cesse. Si le chant de la cigale finit par agacer, celui de Diego, au contraire ne cesse de s’ajuster, donnant sa pleine mesure aux morceaux des albums « Picasso en mis ojos », « Lágrimas Negras » ou « Dos Lágrimas ». On sent une énorme complicité avec les musiciens et particulièrement avec le contrebassiste à qui il fait de petites blagues durant le show. Sa voix est aussi convaincante sur les palos lents que sur les palos rapides ; son timbre est grave, chaud et intense. Nous retiendrons l’interprétation des morceaux « Paloma » et « Si te contara » magnifiques de sincérité. Depuis son album « Lágrimas Negras » en 2004 avec Bebo Valdés, pianiste hors pair et figure de la musique cubaine, Diego signe un renouveau flamenco qui n’a pas peur d’explorer les genres. Un renouveau à la sauce Cigala fusionnant musique cubaine et flamenco classique. Les conformistes n’ont qu’à bien se tenir car Diego, devenu aujourd’hui un des chanteurs flamencos les plus populaires de sa génération, ne compte pas en rester là.
Après un chaud rappel, c’est la divine reprise de « Dos gardenias parà tí » du « Buena Vista Social Club » qui viendra clôturer 1h30 de concert. 1h30-2h que nous saluons bien haut car après avoir été bloqué plusieurs heures jusqu’ à minuit, beaucoup d’artistes se seraient abstenus d’honorer leurs fans… Merci Diego !

reportage & photos : Linda Mouffek

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