Théophile Gautier a écrit Giselle, archétype du ballet romantique, pour une danseuse qu’il aimait. François Gremaud ne fait pas autre chose, en poursuivant sa trilogie consacrée à de grandes figures féminines tragiques des arts vivants classiques : Phèdre, Carmen et, dorénavant, Giselle, irrésistiblement portée par Samantha van Wissen, de la compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker.
Sur scène, elle interprète une oratrice qui prétend parler de la pièce et expliquer les figures complexes du ballet, pour mieux les danser. Une œuvre de partage à la forme hybride, conférence chorégraphiée qui met à nu le contexte de sa création tout en séduisant le spectateur. Un pari réussi pour beaucoup grâce au jeu des musiciennes, et à cette voix à l’élocution fluide et lumineuse, irradiant vers le public jusqu’à ce que tout le corps s’y mette et que la pièce prenne vie en même temps qu’elle est racontée. Un délicieux temps de suspension, proche de l’apesanteur, lors duquel se déploient des trésors de pédagogie et une joyeuse puissance vitale.
Interprétation : Samantha van Wissen
Concept et mise en scène : François Gremaud
2b compagny - Théâtre Vidy Lausanne
Photo Dorothée Thebert
Durée 1h50
Infos/réservations : www.lezef.org