Après les trains, le centre commercial et ensemble immobilier jamais réalisé, le food court, voici la future nouvelle vie de la Gare du Sud à Nice: devenir un espace culturel dédié aux Niçois. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a dévoilé ce jeudi 11 décembre les contours de ce nouveau projet.
Désormais, la Gare du Sud devient un lieu dédié aux habitants du quartier. Pour Christian Estrosi, « il manquait d’un lieu de culture et de divertissement, qui soit ouvert toute la journée et les weekends, et qui s’adresse aussi bien aux adultes qu’aux enfants et aux adolescents. » Et de rappeler que 6500 enfants sont scolarisés dans ce secteur de Nice, soit un enfant sur cinq de toute la ville.
Ce sera donc un projet mêlant lieu de vie, lieu de culture et populaire, une « Halle de la découverte » répondant à quatre grands objectifs :
- En faire un lieu vivant, familial et populaire, ouvert à tous
- Redonner vie à ce lieu chargé d’histoire tout en le préservant durablement
- Renforcer la cohésion de quartier, avec notamment son espace central qui sera davantage ouvert et plus accesible.
- Une ambition de diversification culturelle. Ce sera une bibliothèque, un lieu d’exposition, mais aussi d’innovation avec un FabLab, ludithèque et artothèque.
L’actuel bâtiment va donc être réaménagé. Un nouvel agencement sera réalisé, notamment au rez-de-chaussée, avec la suppression des locaux commerciaux actuels pour devenir des espaces d’expositions et de déambulation du public.
Néanmoins, le restaurant IT Italien Trattoria, installé sur une surface de 300m² est conservé au bout du bâtiment, et un espace dédié à la cuisine niçoise va être aménagé ainsi qu’un « café central » au milieu de l’ancienne gare.
L’objectif est d’investir 1300m² dont près de 900m² au rez-de-chaussée, en y aménageant des espaces documentaires, une artothèque où le public pourra emprunter des œuvres d’art comme s’il empruntait un livre, des espaces de jeux et un FabLab où l’on pourra venir créer, manipuler, imaginer et concrétiser ses idées.
L'actuelle bibliothèque Raoul Mille présente dans la partie du bâtiment en pierre (façade est) va y jouer un rôle plus central.
Le coût total de l’opération est estimé à 10 millions d’euros, comprenant le rachat du bail et les travaux de réaménagement.
Si certains travaux doivent prendre du temps, le public pourra revenir rapidement dans la Gare du Sud, puisque dès février 2026, elle rouvrira avec une exposition consacrée à Leonard de Vinci.
« Accessible dès l’âge de 7 ans, les visiteurs pourront suivre un parcours qui mêle des reproductions de dessins, de tableaux, de maquettes, des installations et des animations vidéo 3 D. Les visiteurs découvriront les grandes thématiques des études et recherches de Léonard de Vinci : la peinture, l’urbanisme, l’architecture, l’ingénierie civile et militaire, l’anatomie ou encore l’art du vol. » précise Christian Estrosi.
C’est un bijou d’architecture avec un potentiel énorme mais qui accumule les échecs et les miracles depuis le dernier départ du train des Pignes le 9 décembre 1991.
Durant quinze ans, les différents maires successifs de Nice, n’auront qu’une idée en tête : raser le bâtiment pour offrir le terrain aux promoteurs immobiliers.
Mais la résistance s’organise, et notamment par l’actuel maire, Christian Estrosi qui ne sera élu qu’en 2017. Il s’en faut de peu pour que les bulldozers ne la détruisent en 1993.
Finalement l’Etat classe le bâtiment en 2004 et 2005, le protégeant définitivement de l’appétit des promoteurs et politiques corrompus de l’époque. Car cet édifice est l’un des rares exemples d'architecture polychrome présent sur la Côte d'Azur. La Gare du Sud a été construite en 1892 par Prosper Bobin, élève d'Hittorff l'architecte de la gare du Nord à Paris, en réutilisant la charpente et la verrière des pavillons de la Russie et de l’Autriche-Hongrie de l’Exposition internationale de Paris trois ans plus tôt.
Avec l’arrivée de Christian Estrosi au poste de maire, plus question de démonter ou de refaçonner la Gare du Sud. L’édifice sera réhabilité en conservant son esprit originel, mais en imaginant un destin nouveau : « Nous avons lancé un projet dans l’air du temps: une halle gourmande, un "food court". C’était la mode.»
Sauf que la mayonnaise n’a jamais vraiment réussi à prendre. En six années d’activité, la Gare du Sud est devenu un endroit magnifique mais qui ne réussit pas à trouver son public.
Trop éloigné de l’hyper centre et des attentes des habitants du quartier, le "food court" était probablement surdimensionné.
Finalement, la ville rachète le bail en septembre 2025 et met à terme au projet du tout restauration. Seule la trattoria italienne subsistera dans le nouveau projet.