Voss, penseur infirme, neurasthénique et puéril, sort de sa maison de repos pour s’enfermer dans la demeure de ses parents et y jouer les tyrans domestiques aux dépens de ses deux sœurs, Ritter et Dene, condamnées à un étouffement de la chair à perpétuité.
Metteure en scène, pianiste et comédienne, Séverine Chavrier, déjà accueillie au Liberté avec Les Palmiers sauvages, porte à la scène l’écriture décapante et la rage véhémente de Thomas Bernhard. Une rage active et outrancière engagée sur tous les fronts : politique, artistique et intime.
Séverine Chavrier, nouvelle directrice du CDN Orléans/Centre-Val de Loire, pratique un théâtre nourri des multiples facettes de sa personnalité : le corps, la musique, la vidéo, la parole. Toutes sont convoquées à ce Déjeuner chez Wittgenstein, ici librement agrémenté d’extraits d’autres œuvres du même auteur : Le Naufragé, Maîtres anciens, Un Souffle, Mes Prix littéraires ou encore Des Arbres à abattre, desquels elle a tiré ce qu’elle appelle espièglement « des monologues d’ontologie ».
Un théâtre riche et vivant pour s’engouffrer au coeur de cet ostracisme familial, sur fond de vaisselle brisée, que décrit le plus acide des auteurs autrichiens.