aujourd'hui 12h
Swann :
Elle s'est choisi un surnom qui sent la madeleine et le thé au jasmin, les acacias en fleurs et les élégances surannées des salons de la noblesse d'Empire.
De Proust, Swann n'a pourtant conservé dans ses chansons que les parfums les plus âcres et la précision vénéneuse, ses madeleines à elle ayant plus volontiers goût de banane, celle du premier Velvet découvert parmi d'autres « poisons » dans la discothèque de parents mélomanes, alors qu'elle n'avait pas encore l'âge requis pour s'exposer à de telles irréversibles radiations.
Résultat, à 23 ans elle possède déjà une voix de femme fatale, Nico et Lou Reed à elle seule, patinée des mille et une vies qu'elle n'a pas encore vécues, imprégnée de ce désenchantement gracieux des cowgirls qui ont le blues et de la gravité sensuelle des Patti, Amy ou Cat Power.
Surtout, Chloé - son vrai prénom - semble appartenir dès son premier album à ce cénacle ultra fermé des fauteuses de troubles et de grands frissons.
D'un clin d'oeil à Bowie baptisé Ziggy au très Patti Smithien Show me your love, d'un It don't Rymes en hommage orthographique à Syd Barrett aux ballades ébréchées par la mélancolie (My darling) qu'elle a apprises chez l'immense Townes Van Zandt, Swann a su transformer son érudition musicale en une grammaire personnelle qui n'étouffe jamais sous le poids des citations. Comme ses héros, elle sait chanter avec justesse et une certaine ferveur retenue la crainte des choses qui finissent et l'espoir des éternels recommencements. Proust l'avait bien saisi, les jeunes filles en fleurs ne s'épanouissent jamais loin des orties.
Yann Destal :
Prince de la french touch au sein du groupe Modjo, Yann Destal négocie en 2004 un virage musical hors du commun.
Sort alors "The Great Blue Scar", un premier album solo réalisé notamment avec Bertrand Burgalat et Paul Kendall.( Barclay) L'album sera largement salué par la critique et en particulier par Les Inrocks ("lumineux") et Rolling Stone Magazine ("féerique").
Yann Destal revient avec un nouvel album "Let Me Be Mine" : des compositions pop-rock aux mélodies subtiles et puissantes.
Une voix intense au service d'un songwriting élégant Yann Destal s'impose comme une référence évidente de la scène actuelle.
"A l'heure du formatage, de la recherche du tube ultime, du Protools et du saint Autotune pour tous, à l'heure des jeunes groupes présentant leur "projet musical" comme s'ils lançaient une start-up, à l'heure du crowfunding et des plate-forme comme KissKissbankBank qui financent un peu tout et n'importe quoi, il existe des artistes qui empruntent des chemins de traverse, et jouent de la musique pour la musique, sans esbroufe, ni calcul de style et dosage marketing. Nous voulons bien sur parler de Yann Destal qui sort un second album outrancier et fascinant, tout dans l'excès, et loin, loin des radios, des médias, de ce qui se fait aujourd'hui. Il faut dire qu'avec Modjo et son tube Lady, il a connu tout ça. Et il est descendu du train en marche pour mener une carrière solo sidérante."
Le Nouvel Observateur
