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Marsatac is back

Tant dans la programmation musicale que dans l’appropriation des lieux, Marsatac a frappé très fort durant ces 3 jours à la Friche la Belle de Mai. En tout, 21000 festivaliers ont participé à la 12ème édition du festival du 23 au 25 septembre 2010.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 04/09/2011 - Modifié le 05/10/11 11:09
Marsatac is back

Après le tant regretté J4, Marsatac semble enfin avoir trouvé chaussure à son pied à La friche la belle de Mai. Sur place, ça sonnait comme une évidence, comme si la Friche avait toujours attendu Marsatac, ou l’inverse. Bref, une implantation joliment réussie aux airs de village ou de « ville dans la ville » avec ses rues, ses ruelles, ses stands et ses 4 salles. Sans oublier la promenade inévitable dans la Rue Intérieure sublimée par un éclairage avec des boules à facettes.

Jeudi 23 septembre
Le jeudi soir commence tranquillement avec 3500 festivaliers, histoire de bien repérer le site. A la Cartonnerie, ça démarre vraiment quand arrive Is What ?!, groupe de hip hop américain engagé jouant avec un saxo et une bass, porté par Napoleon Maddox, rappeur beat-boxer et poète. Son T-Shirt hommage à Ice Cube ne passe pas inaperçu et les fans auront reconnu les paroles cultes de la chanson “It was a good day” inscrites au dos : “Today i did’nt even have to use my A.K., I got to say it was a good day”. A l’aise sur scène et avec le public, Is What ?! enchaîne les titres de l’album Big Appetite où flow et jazz donnent la pleine mesure de leur talent. Côté Esplanade, Bonnie Li ne manquera pas de retenir notre attention car elle fait toute sa musique seule et sample sa propre voix en toute sensualité.

S’il est vrai que la Cartonnerie est une salle immense - donc idéale pour un festival -, l'acoustique reste à revoir. Nous en constatons toute l’étendue quand vient le tour du Peuple de l’Herbe. Il faut éviter d’être au fond la salle… C’est donc aux premières loges que nous allons voir Anti-Pop Consortium, collectif new-yorkais qui a signé sur un label anglais, le fameux Ninja Tune… C’est au nombre de trois qu’ils arrivent sur scène, bandana Marsatac au poignet pour l’un des rappeurs et lunettes Anti-Pop Consortium rouges pour les 2 autres. Place au hip hop anti-bling bling et aux productions électro expérimentales : Volcano, Born Electric… Bref, du bon hip hop électro à l’image du festival !

Vendredi 24 septembre
Quand on débarque le vendredi, le nombre de festivaliers semble avoir doublé. 8500 personnes déambulent dans le village Marsatac. Les quatre salles sont ouvertes et le parcours du combattant commence. Sage Francis débarque au Cabaret Aléatoire avec une perruque et une cape. Il commence par se moquer de Nine Inch Nails puis entame un free-style dans lequel il dit au public qu’il ne va pas lui mentir et qu’il va lui donner sa vérité tout en enlevant sa perruque. Voilà qui est plus sage… Après trois morceaux seul, son acolyte B. Dolan va l’accompagner jusqu’au bout du concert. Abstract hip hop ou hip hop engagé, en tout cas le rap de Sage Francis est conscient et intelligent. Il va même jusqu’à se moquer de Sarkozy sur America / Fuck Yeah. Du bon gros rap de blanc !

Ca s’enchaîne avec l’anglais Beardyman, l’homme barbu et non l’homme-oiseau comme il s’amuse à le dire au public. Technique époustouflante, maîtrise terrifiante, Beardyman est un showman. Le beatboxer sait tout faire avec sa bouche : lignes rythmiques, cuivres etc. Lui aussi va se prêter à la raillerie de notre président en entamant un doux refrain aigu : “Sarkozy et passe-partout” répété à tue-tête. Humour anglais of course ! Juste un regret : Beardyman n’a pas fait d’improvisations façon mash-up mais il nous a emmené loin, très loin.

Tumi and The Volume a tenu ses promesses avec un live propre. Scratch Bandits Crew a retourné la salle Seita. Là encore, la technique est épatante et ce sont des français. Mais la star de la soirée c’est Talib Kweli. Une des légendes du hip hop américain, un des meilleurs rappeurs tant pour son flow explosif, sa voix particulière, que sa verve. Quand Talib débarque avec sa casquette et ses lunettes BlackSmith (rapport à son label), on ne peut s’empêcher de penser : New-York est dans la place ! Le hip hop est comme une grande famille dans laquelle on aime rendre hommage aux siens. Talib Kweli, lui, rend hommage à J Dilla et Guru (RIP) ainsi qu’à DJ premier, qui d’après ce qu’il dit au public est pour lui l’un des meilleurs producteurs hip hop dans le monde. Tous les morceaux cultes du rappeur vont y passer sans oublier les titres de son dernier album Eternal Reflection 2 avec Hi-Tek (Strangers, Get Loose, In this world…). C’est aussi et surtout sans musique de fond et en free-style que s’apprécie toute la magie du flow de notre Talib. Inutile de préciser que tous les bras sont en l’air. On aura même droit à un rappel, le seul (ou presque ?) de tout le festival Marsatac ! Represent !

Samedi 25 septembre
Le samedi soir, la Friche est pleine à craquer et la jauge maximale largement atteinte pour la grosse soirée électro du festival puisque les festivaliers sont au nombre de 9000. Une belle découverte nous attend avec Tha Trickaz, les hommes chats masqués du festival. Les deux Dj’s producteurs sont des fans de hip hop et ça s’entend. Dubstep, électro, hip hop et répliques de films composent le magma musical qu’ils balancent dans la Salle Seita. Une chose est sûre, on va entendre parler d’eux… Belle surprise aussi, le trio japonais D.V.D (Drums vidéo Drums). Sur scène, ces trois initiales prennent toute leur signification : deux batteurs et un joueur de console qui envoient des images à l’écran mêlant musique et jeux vidéo. Légère déception du côté d’Aéroplane qui fait un Dj Set un peu long. Petit regain de forme avec Daedelus et sa minimale berlinoise façon ballade ou la grâce d’un Dj producteur chef d’orchestre aux airs de dandy british. Enfin vient l’heure de voir Mr. Oizo. La Cartonnerie est juste blindée et la sueur sur tous les fronts. Notre cher Mr. boit du champagne à la bouteille et allume clope sur clope. N’est pas « électro » star qui veut ! Son son est électrisant, sorte d’électro minimaliste aux accents breakbeat. “Vous êtes des animaux“, “Vous allez tous mourir ce soir à Marseille“ suffisent à transcender le public. Flat Eric aussi danse parmi les fans qui n’ont pas oublié d’apporter leur marionnette. Des pneus gonflés sont balancés dans le public en clin d’œil au dernier film de Mr. Oizo, “Rubber“, l’histoire d’un pneu tueur.
Il est déjà 4h du matin et notre trilogie Marsatac touche à sa fin. Cette douzième édition marque le retour triomphant de Marsatac et l’on ne peut que s’en réjouir.

 

Reportage : Linda Mouffek
Photos : Linda Mouffek / JBF

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