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Phoenix, l'interview

À quelques heures de leur concert au festival des Voix du Gaou, Phoenix nous accueille en bord de mer et nous accorde un entretien. Rencontre avec Christian Mazzalai, le guitariste du groupe.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 29/07/2010 - Modifié le 20/07/11 16:51
Phoenix, l'interview

Phoenix, une petite présentation ?
Nous faisons de la musique depuis l’adolescence, nous nous connaissons depuis longtemps. Il y a mon frère dans le groupe et deux autres très bons copains.

Quelles sont les influences qui vous ont conduits à devenir ce groupe indie plutôt novateur ?
Au tout début, on a commencé à faire des reprises de groupes punk. Nos références sont surtout le Velvet Underground ou les Stooges. Depuis toujours, on joue dans la cave du chanteur et c’est là, vers 14-15 ans que nous avons commencé à composer, en nous inspirant un peu de tout, de la pop music à la musique électronique. Au milieu des années 90, il n’y avait plus tellement de choses intéressantes ni excitantes dans le rock et à cette époque, le nouveau punk reposait surtout dans la musique électronique. Je parle d’approche punk de la musique et non pas en tant que style musical. C’est-à-dire que la véritable liberté prônait par le punk s’intégrait dans la formation de la musique électronique, de non plus créer de la musique dans de grands studios, ni dans une démarche mainstream, mais chez soi, comme ont pu faire les Daft Punk ou autres. C’est une autre manière de voir la musique et pour certains, c’est peut-être moins professionnel. Mais c’est beaucoup plus personnel, plus exalté, dans une idée de connaître la musique que l’on crée dans son intégralité.

Pourquoi avoir choisi « Wolfgang Amadeus Phoenix » pour titre de votre album ? Y-a-t-il une volonté de s’inscrire dans un héritage classique en pastichant le nom du plus populaire des compositeurs de musique classique ?
Ce n’était pas tellement ça l’idée. On a voulu prendre le nom de l’icône du classicisme et le détruire. On pervertit quelque chose d’énorme de manière burlesque. C’est un peu le même mécanisme qu’Andy Warhol quand il prend une icône comme Marilyn Monroe ou Mao Tsé-toung et la met en péril, la rangeant au rang d’un simple de produit de consommation. C’est vrai que c’est une idée enfantine, un peu débile et magnifique.

On est quand même fasciné par des compositeurs classiques, mais là, ce n’était pas l’idée de faire un hommage.

Pouvez-vous nous parler de la composition de cet album ?
Avant nous étions chez une major, là, nous avons fait cet album sans maison de disque. C’est vrai que c’était un pari un peu risqué, mais c’était tellement bien de ne pas penser aux conséquences ! Nous nous sommes enfermé pendant deux ans dans un studio à Montmartre, en composant librement, sans restriction et, étonnamment, c’est notre disque qui marche le plus. Cela fait vraiment plaisir et, du coup, on va continuer dans cette voie.

En quatre albums, nous nous ne sommes jamais souciés des autres, des critiques, et ça paye.

Vous avez mis quelques temps à acquérir un succès commercial en France, alors que dans d’autres pays, vous étiez plutôt encensés par les critiques et ce, dès vos premiers albums. Aujourd’hui, vous remplissez les salles. Comment interprétez-vous ce changement alors que, dans les faits, vous avez gardé cette singularité indie dans votre musique ?
Déjà, dès le troisième album, on avait fait des grandes salles comme l’Olympia. Nous avons progressivement évolué, par le bouche à oreille. C’est peut-être les médias qui, aujourd’hui, viennent vers nous, fascinés par le succès, mais nous, nous avons un public depuis quelques temps.

Vous prenez naissance au début du XXIe, dans lequel s’opère un tournant dans la musique populaire, vous mêlez rock et électronique. Pensez-vous que grâce à votre musique « hybride », vous avez, d’une certaine manière, ouvert un chantier à la musique d’aujourd’hui ?
Ce concept de musique hybride me plait assez. Je ne sais pas si on a ouvert une voie, mais on a certainement contribué à cette médiatisation de l’électronique. Aussi, c’est vrai qu’il y a quelques années, peu de groupes français chantaient en anglais, ce que nous, nous avons toujours fait.

Vous avez crée le groupe super jeune. Vous semblez former une structure qui fonctionne. Y-a-t-il, cependant, une volonté pour certains d’évoluer un jour en solo, de faire un album et pas uniquement des collaborations sur des titres, comme l’a pu faire Thomas Mars dans la bande originale de Virgin Suicide ?

La réponse est simple, c’est non. Ce qu’on veut, ce qu’on aime, c’est vraiment faire de la musique ensemble. Pas chacun de son côté.

Quel est pour vous le rôle que vous préférez dans le theatrum mundi de la musique : le work-in-progress en studio ou la présentation sur scène en live ?
Le plus jouissif, c’est la scène ; le plus intéressant, c’est l’élaboration de l’album. Dans la composition, il y a beaucoup de souffrance mentale, c’est très dur d’écrire une chanson, mais c’est tellement génial. Il y a surement une tendance masochiste là dedans… C’est extrêmement difficile d’écrire une chanson qui nous plaise vraiment à tous les quatre. Une fois, par exemple, on a eu 100 bouts de chanson pour un morceau !

Au contraire, le live, ce n’est vraiment que du plaisir, même les erreurs y prennent une dimension magique. C’est sans doute ce que je préfère les écarts ou erreurs, les concerts parfaits n’auraient pas d’intérêt. C’est le rapport au public qui donne alors une nouvelle dimension à notre musique, comme on a pu la concevoir en studio.

Que pensez-vous des groupes avec lesquels vous partagez la soirée ?
J’ai hâte de voir Babyshambles, que je n’ai jamais vu : ça m’intrigue ! Metronomy, j’ai déjà vu, c’est vraiment un super groupe.

Nous sommes contents de cette soirée, de ce plateau et du magnifique cadre du Gaou.

Propos recueillis par Anysia Troin-Guis
photos : JBF / Concert Voix du Gaou - 28/07/2010

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