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Comment proposer un tourisme plus durable cet été face à surfréquentation de la région?

Le Comité Régional du Tourisme et les parcs naturels travaillent sur des solutions alternatives pour encadrer l'accueil des touristes ou leur proposer des circuits alternatifs.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 27/05/2021
La région imagine des solutions pour éviter la surfréquentation

Avec 13 parcs naturels nationaux et régionaux et une façade maritime d'exception, la Région Provence Alpes Côte d'Azur est reconnue comme un moteur du tourisme en France. Mais ce dernier a surchauffé l'été dernier malmené entre les visiteurs locaux déconfinés et les touristes finalement nombreux. Après le Parc National des Calanques et la Ville de Marseille, c'est au tour de la Région, via le Comité Régional du Tourisme de chercher des solutions pour préserver ses espaces naturels et repenser un tourisme plus durable.

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Visiteurs locaux vs touristes : un choix politiquement sensible

« Cette année 84% des visiteurs des calanques étaient des habitants de Marseille et des Bouches du Rhône. Il ne faut pas confondre surfréquentation et surtourisme» clame François de Canson, le président du Comité Régional du Tourisme (CRT).

« Parler de surtourisme à l’échelle de notre territoire ne correspond à aucune réalité» François de Canson, Président du CRT.

Mais de fait, cela oppose les locaux aux touristes. Dans son rôle de promoteur de la destination, le CRT cherche naturellement à soutenir tous les acteurs de l’économie touristique. « L’objectif est d’augmenter l’économie du tourisme et pas forcément le nombre de touristes », ce qui implique donc une montée en gamme du tourisme et le développement de nouveaux marchés.

Mise à mal depuis l’an dernier, l’arrivée des touristes étrangers constitue à nouveau une cible de choix pour la région : d’une part ils viennent plus facilement sur les ailes de saisons, c'est-à-dire à la fin du printemps et à la rentrée, et surtout, leur pouvoir d’achat est plus élevé. Les marchés européens sont une priorité pour le CRT cette année, avant un retour des clients plus lointains venus d'Asie et d'Amérique. Mais une chose est sûre, cette année, le CRT ne communiquera pas pour promouvoir le tourisme sur les mois d'été.

Cette opposition entre locaux et touristes en arrive aussi parfois à certaines décisions radicales, comme l'interdiction récente faite aux plaisanciers de jeter l'ancre dans deux calanques marseillaises. La surfréquentation et les ancres menacent les posidonies, mais au final, ce sont aussi les locaux qui se voient exclus d'endroits où ils avaient l'habitude d'aller alors que les bateaux de promenade conçus pour les touristes vont continuer à y aller. La décision a fait bondir de nombreux plaisanciers à Cassis.

Il y a quelques semaines, Didier Réault, le Président du Parc National des Calanques soulignait que « Les calanques ça se mérite. Aller dans la nature, ce n’est pas une promenade urbaine. Il faut aussi prendre le temps d’y accéder pour y trouver de la sérénité et du calme. »

 
 

Tenter de réorienter les visiteurs vers des sites moins fréquentés

L’autre axe de travail des acteurs institutionnels du tourisme est de les réorienter vers des sites moins fréquentés.
« En plein mois d’août, si vous faisiez 15 minutes de marche au départ de Pampelonne vous vous retrouviez sur une crique où il n’y avait personne » explique Loïc Chovelon, le directeur du CRT. « Notre chance, c’est la superficie de notre territoire ».

Un partenariat a été conclu dans ce sens avec l’application de navigation Waze. En entrant une destination surfréquentée, le navigateur proposera une publicité pour un site alternatif. L’an dernier, l’application aurait permis de faire changer de destination à 3% des personnes qui l’utilisaient sur 4 sites test.

Mais à condition encore que ce soit possible. Dans le cas de Marseille, il sera quand même difficile de faire accepter aux touristes qui ont parcouru le monde ou la France pour aller voir les calanques de se retrouver au final dans le Parc Pastré à la Pointe Rouge, comme le propose le CRT. Malgré le charme de ses rigoles et de sa pinède, pas que sûr que l’effet whaou soit au rendez-vous.

En réalité, les problèmes de surfréquentation touchent une bonne partie de la bande littorale de la région. Sauf de rares exceptions comme la Camargue, cette surfréquentation touche toutes les calanques, plages et accès à la mer en été. Il n’y a donc pas de réelles alternatives, si ce n’est de proposer d’autres circuits, sur des thématiques culturelles ou culinaires dans l’arrière pays par exemple.

Cette stratégie d’alternative est par contre bien plus efficace pour les Alpes du Sud et l’intérieur de la Provence où certains sites et villages proposent de réelles alternatives toutes aussi belles et méconnues.

Les différents acteurs du tourisme, et notamment les 4 parcs nationaux et les 9 parcs naturels régionaux comptent bien les promouvoir davantage afin de rééquilibrer les flux de visiteurs. Circuits vélo, écotourisme, découverte de la faune, villages typiques, lacs oubliés… Les itinéraires bis ne manquent pas et ce sera un axe prioritaire de promotion cette année.

10M€ pour aménager l’accueil des visiteurs

A défaut de pouvoir proposer des alternatives, l’autre moyen d’action est d’améliorer l’accueil des touristes et visiteurs locaux : construction de parkings, mise en place de navettes ou même création de sanitaires.

"On a la nécessité d’aider nos communes à aménager et rendre fluide l’accueil" explique Renaud Muselier, le Président de la Région Sud. "L’exemple de la Grotte de la Sainte Baume est caractéristique : Ce site accueille plus de 150.000 visiteurs par an, c’est un lieu de pèlerinage sacré et pourtant le parking est défoncé. Il n’y a ni toilettes en bas, ni en haut au niveau de la grotte."

D’autres financements sont possibles et doivent permettre d’améliorer l’accueil des visiteurs. Mais attention aussi de ne pas tomber dans le piège du Mont Saint Michel. Car la mise en place de navettes a un coût important répercuté aux visiteurs, et l’accès aux sites, devient de facto payant, excluant ainsi une partie des visiteurs locaux au profit des touristes plus fortunés.

A Marseille, malgré les bisbilles politiques, la ville et la métropole travaillent enfin pour trouver des solutions pérennes à l'accès aux calanques: meilleure information des visiteurs sur la saturation des sites et des axes de circulation en amont, modes de transport alternatifs comme les vélos électriques en location ou les navettes maritimes au départ du Vieux Port, et enfin l’aménagement de parkings pour éviter l’anarchie sur les sites.

 

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