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Reportage : Carte blanche à Philippe Manœuvre

Pour la soirée du 18 juillet, Les Voix du Gaou ont été portées sur le rock en donnant carte blanche au rédac' chef de Rock & Folk, Philippe Manœuvre, venu présenter ses chouchous de la scène rock française avec ce qu'elle a de bon et de moins bon.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 29/07/2010 - Modifié le 20/07/10 16:52

On le sait, on nous le martèle: Philippe Manœuvre est une véritable encyclopédie du Rock et son Histoire (avec anecdotes à l’appui) qu’il distille généreusement sur RTL, sur Arte (dans une rétrospective 80’s), sur M6 (offrant ainsi une culture digne de ce nom aux téléspectateurs de la chaîne) et sur scène dont celle des Voix du Gaou, martelée par le Mistral, ce soir-là. Ses choix se sont ainsi portés sur Appletop, Les Prostitutes, Second Sex et Dharma Project qu’il présente avec une roooock n’ rolllllll attitude, Ray Ban et sa désormais "voix-la-plus-imitée-de-France". Trop cool.

Les jeunes toulonnais d’Appletop sont la bonne surprise de cette soirée. Ouvrant les hostilités, les trois garçons se lancent en déblayant un terrain trop souvent foulé, ce qui fait qu’on a du mal à percevoir leur « coup de patte ». L’ombre des Arctic Monkeys plane. Toutefois, le son des Appletop est fort bien garni de pop et d’énergie fraîche, ce qui pourrait bien les démarquer de la scène actuelle et faire grimper les Varois dans les belles colonnes de la critique rock. Avec un album à paraître en septembre et une date au Bataclan, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

Beaucoup moins frais, les Prostitutes arrivent sur scène, sans motivation. Ayant présenté le groupe sans ses lunettes (choc !), le Père Manœuvre annonce qu’ils se sont levés tôt pour faire Levallois-Les Voix du Gaou et que les petits sont fatigués. Chose que le public finira par intégrer tellement le chanteur, Hugo, le martèle après chaque morceau. Plus préoccupé de garder son chapeau sur la tête que de chanter correctement, le chanteur ruine le concert et sape la musique (pourtant pas mal) des musiciens. Tout le mauvais de la scène rock française actuelle était représenté : simulacre foiré de Peter Doherty (et son chapeau), style propret Paris 16ème slim/t-shirt court trop cool, arrogance mal interprétée, crachats dégueux à volonté et groupies, indulgentes, répondant par l’affirmative lorsque le leader leur demande si le concert [nous] plaît parce que lui « trouve que c’est de la merde» : là-dessus, on est d’accord. Aucun effort fourni de la part du groupe et son chanteur qui aurait mieux fait de rester couché et faire un gros dodo. Navrant.


Une fois balayé par le Mistral, les Prostitutes ont laissé la place aux Second Sex et sa bonne musique garage et pop à la fois. Charismatique et déjà bien rôdé, le groupe a délivré un concert rock (de plus d’une heure) digne de ce nom, incarnant ainsi « la relève » que l’on attend depuis 10 ans. Riche de l’influence des Clash et autres dynamites rocks, le groupe et son chanteur, Tim, semble s’échapper de la mouvance ‘groupe qui se la raconte rocker ‘, ou mort après un single-radio, en incarnant une certaine folie et réalisme que l’on trouve avec des morceaux comme « j’ai couché avec le diable » ou « Fille facile ». Souhaitons que le groupe perdure dans son bel esprit rock et la touche de modernité qu’il y apporte.


Aux Dharma Project de clôturer la soirée en introduisant l’antre-même du son rock tout en reprises (excellentes) de morceaux qui ont fait, font et continueront à faire l’histoire de la musique du diable : les Doors, Led Zeppelin, les Stones ont jonché la scène du Gaou de leur légende…comme pour rappeler qui étaient les Patrons et ce à l’aide, notamment, du super quartor de cordes électriques qui ont fini de ramener le public aux valeurs du mouvement si cher à des générations entières et à suivre.


Philippe Manœuvre a ça de généreux : participer à la diffusion et au renouveau de ce son si précieux en dénichant et en mettant en avant des groupes (très bons élèves) de la scène rock française mais qui commencent à trop se bousculer et, à coup de style sans style, se ressembler à force d’essayer de copier leur jeunes homologues anglais. Il est certes dur, voire impossible, d’égaler les Arctic Monkeys ou The Rascals mais d’autres l’ont pourtant fait : Noir Désir, Alain Bashung ou encore les Wampas.


Une soirée inégale, donc, qui a permis de dissocier le bon du mauvais et montrer à quel point il est rare et difficile d’être un vrai rocker qui doit son charisme à son talent et sa dégaine et identité…naturelles. N’est pas Peter Doherty ou Alex Turner qui veut, même quand Philippe est à la manoeuvre. ( facile )

Salima K / photos JB Fontana

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