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Les nuits barbares du théâtre de Vaison

Depuis sa création en 2015, la pièce « Les nuits barbares ou les premiers matins du monde » d'Hervé Koubi a déjà parcouru le monde avant d'être présentée en ouverture du festival Vaison Danses 2018.

Publié par Pauline . le 29/07/2018 - Modifié le 30/07/18 12:27
Les nuits barbares du théâtre de Vaison

Une scène chargée de plus de 2000 ans d’histoire puisqu’il s’agit d’un théâtre antique. Comme une évidence pour cette œuvre qui va justement puiser sa raison d’être aux sources de notre culture méditerranéenne.

Tout commence dans la pénombre. Les 13 danseurs aux allures de Minotaure évoluent lentement revêtus de cagoules étincelantes aux cornes de lames d’acier. C’est une vision saisissante que celles de ces créatures à la fois hommes, bêtes, démons ou dieux. Cette image forte est la première d’un ensemble de tableaux clairs-obscurs marquants.

On est d’emblée plongé dans l’univers allégorique de Hervé Koubi que les rites païens disputent au divin.

Le chorégraphe conteur, avec un indéniable sens de l’esthétisme, transmet sa fascination pour cette civilisation sans nom qui est le berceau de notre humanité contemporaine. Il en révèle sa beauté et par là-même s’oppose au rejet de la différence et de l’autre.

La pièce n’est pas narrative mais est bâtie sur une lente gradation. Les danseurs s’humanisent ou plutôt se civilisent. Ils évoluent de la pierre à l’acier, du paganisme à la foi. Les symboles d’ailleurs ne manquent pas pour évoquer le sacré omniprésent, tant visuellement avec less références à la croix, que musicalement avec extraits de différentes version du Requiem de Mozart.

Quelques mots sur ces singuliers danseurs qui composent la compagnie Hervé Koubi.

Le chorégraphe les a rencontrés pour la plupart lors d’auditions en Algérie. C’est un pays qu’il a arpenté à la recherche de ses origines et qui a également nourri sa précédente pièce « Ce que le jour doit à la nuit ». Ces artistes, qu’il appelle parfois « ses frères retrouvés », sont issus de la cultures hip-hop et de la danse de rue. Ils impressionnent autant par leur physique athlétique que par leur générosité d’interprétation sur scène.

Le choix du chorégraphe de ne pas les faire passer pour ce qu’ils ne sont surtout pas, c’est-à-dire des danseurs formé à l’école de la danse classique ou contemporaine, confère à la pièce une authenticité au service de son propos. Les origines ne sont pas reniées, au contraire mais mise en avant et c’est là tout le propos.

Cette première nuit de Vaison Danses 2018 grondait du passage de ces barbares, le grondement des applaudissements d’un public conquis par la symbiose entre une oeuvre puissante et un lieu d’exception.












Noémie Roudaut et Didier Philispart

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