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Reportage : Festival Jazz des Cinq Continents 2007

Dans les jardins du Palais Longchamp, pour sa 8ème édition, le Festival accueille André Minvielle et Abd Al Malik. Ce soir, le verbe est à l'honneur.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 04/06/2007 - Modifié le 30/06/11 17:54

Nous avions pu le croisé sur la fabuleuse île de Porquerolles pour une "Master Class" (comprenez : "cours d'interprétation") donnée au public, André Minvielle avait tout d'un conteur tant il captivait son auditoire avec ses jeux de mots et de sons. Nous l'avions retrouvé plus tard aux côtés d'Archie Shepp pour un concert-hommage à Siegfried Kessler ( lire notre reportage). Ce soir, le "troubadourvocalchimiste" (étiquette qui démontre bien à quel point il est difficile de lui en "coller" une) chante en français et en occitan, joue avec le(s) langage(s). Minvieille nous parle de la culture méditerranéenne, il chantera notamment la "Noria" en hommage à sa femme, puis le voyage se poursuit dans les Pyrénées jusqu'au rappel : il nous interprète "La vie d'ici bas", écrite avec Bernard Lubat.

Nous sommes prévenus, nous allons faire "un voyage au pays du verbe, auréolé de jazz", avec un autre rappeur, un autre amateur de mots : Abd Al Malik, poête, slameur, fait partie des révélations de cette année. Son deuxième album ("Gibraltar", 2006), accompagné à sa sortie par un livre ("Qu'Allah bénisse la France") a su toucher un public large. Ce soir il nous propose un "voyage au pays du verbe, auréolé de jazz". Pour "Soldat de Plomb", il est éclairé du fond de la scène, si bien qu'on ne perçoit de lui qu'une ombre, comme s'il voulait s'effacer derrière ceux à qui il rend hommage, ses amis partis trop tôt.

"Vive la France Arc-en-ciel", un slogan conclusif qui pourrait paraître "facile" si on ne connaissait pas la sincérité du bonhomme et son humanisme. Pour lui, "l'essentiel est la capacité à faire du lien et du dialogue, à partager", parce qu'"aller vers l'autre, c'est aller vers soi". Sur scène, Abd al Malik applique avec ferveur sa philosophie en partie inspirée du Soufisme (mouvement de spiritualité de l'islam), il lancera même un "je vous aime" au public. Pas avare de ses sentiments, les thèmes qu'il traite à la manière de nouvelles sont toujours introspectifs.

Avec "11 septembre", il revient sur l'islam et sa représentation, sur les dangers d'une foi liée à la politique. Le texte, limpide, touche directement le public qui se lèvera même à la fin du morceau

Les modèles du jeune homme sont aussi bien les philosophes que les "grands" paroliers français. Il rendra d'ailleurs avec le titre "Les autres" un magnifique hommage à Jacques Brel, qu'il fera revivre le temps d'un couplet en imitant sa gestuelle pour l'interprétation de "Ces gens là".

Avec "Céline" (pour "Louis-Ferdinand Céline"), Abd Al Malik en profite pour nous faire partager une réflexion sur "la responsabilité artistique" ("l'art véritable oblige a être responsable") et égratigner en passant le "gangsta rap" et les clichés qu'il entretient et véhicule.

Le public conquis, Abd Al Malik reviendra une dernière fois pour nous lire une lettre adressée à son fils, "pour le passé, le présent, et le futur". Sans concession, l'artiste offre son coeur à "l'autre", une leçon.

par Rémi Barra

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