Aux origines du festival
Cet
événement, qui cette année célèbre
sa sixième édition, a plusieurs points de
départ. Mais le plus marquant est sans conteste Siegfried
Kessler disparu au début de l’année.
C’est ce musicien de talent et également navigateur,
amoureux de la mer qui a emmené Franck Cassenti à
Porquerolles. Tombés sous le charme de l’île,
l’idée d’un festival de jazz s’est
présentée, mais pas n’importe
quel festival ; ce serait l’occasion de se retrouver
entre amis. Et aujourd’hui, c’est « une
famille qui d’étend ».
Des pointures et des passionnés
Cette année le festival repose sur « deux piliers
» et pas des moindres : Aldo Romano
(Parrain de l’événement), et Archie
Shepp (Président d’honneur). De belles
pointures qui viennent à Porquerolles, heureuses de
retrouver des amis, et de jouer dans ce cadre exceptionnel.
Mais dans l’ombre, ce sont plus de soixante
bénévoles, tous passionnés
de musique, venus de la France entière, et de tous
âges, qui oeuvrent chaque jour. Car comme le souligne
Samuel Thibault, directeur du festival : « C’est
compliqué de faire un festival sur une île,
surtout un site classé. Il faut s’adapter
». Ces bénévoles sont aussi des amis,
des connaissances de cette grande famille qui s’agrandit
: « sur une île on est entre soi. C’est
l’occasion de rencontrer des artistes ».
De plus, chaque jour, une équipe se charge d’écrire
le journal du festival et une autre le met en image.
Une journée à
Porquerolles…
Dès 10h, les festivités commencent avec l’«enfance
du jazz», un atelier d’éveil à
la musique. Vers 11h, rendez-vous au théâtre
de la verdure pour les master class, des moments de partage
entre amateurs et musiciens confirmés. Et pour rythmer
toute la journée, plusieurs fanfares déambulent
dans les rues de l’île pour une rencontre
avec les badauds. Un moment très convivial où
les enfants s’enthousiasment devant ce joyeux tapage.
…
puis l’hommage à Siegfried Kessler
A la tombée de la nuit, le fort
St Agathe prend ses habits de fête, Une petite scène
blottie sous un figuier, des murs plein d’histoire
s’illuminant sur un fond de coucher de soleil.
Cette douce alchimie offrait au lieu une ambiance
chaude et intimiste, malgré les caprices
d’un mistral trop présent.
Une soirée pleine d’émotion pour cet hommage en deux parties : Le concert événement dédié à Siegfried Kessler et la diffusion de « A love secret » un film de Christine Baudillon sur la vie du navigateur et jazzman.
Ce
concert avait une particularité : André Minvielle
ponctuait le concert par des interventions orales. En effet,
il lisait des passages des mémoires écrits
par Kesssler lui-même. Quelques unes de ses pensées
: « il faut toujours commencer tôt
», Et quand il évoque la mer : « c’est
une sensation très forte », « la
société et ses lois tordues ne peuvent plus
m’atteindre », « il n’y
a plus que ce silence ».
Coté musique, le jazz était à l’honneur
bien sûr. Archie Shepp en bon maître
de cérémonie orchestrait le tout.
Coiffé d’un chapeau blanc, ce crooner nonchalant
s’est essayé à divers instruments :
piano, guitare, saxo et chant. Sa voix teintée de
blues a enthousiasmé un public forcement conquis
d’avance. Il applaudit, bats la mesure et laisse échapper
des «yeah ! » de temps à autres. Toujours
aussi impressionnant au saxo, Archie Shepp a livré
son interprétation de « Body and Soul »,
morceau fétiche de Siegfried Kessler qui disait :
« avec Archie c’est la chanson sans parole,
on se comprend sans se parler ».
Une atmosphère très conviviale se
dégageait du fort, de par la proximité avec
les artistes et de l’émotion dégagée
par ces musiciens de talent. Et le public présent
semblait bien averti, et ses oreilles exercées.
Le concert s’est achevé sur un morceau très jazzy, feutré, bien rythmé et sur un « bonsoir » teinté de l’accent américain d'Archie Shepp.
Le papillon de lumière projeté sur le mur de fort en arrière plan de la scène, s’est envolé, tout un symbole…
En images
Reportage : Delia Delphin, photos JB Fontana avec R. Barra