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L'épreuve

Du 21/01/2014 au 24/01/2014 - Aix En Provence - Théatre du Jeu de Paume
Terminé
Publié par Ségolène Thos-Collignon le 21/06/2013
L'épreuve

Marivaux, Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, du 21 au 24 janvier 2014 au Théâtre du Jeu de Paume.

Angélique est belle, pauvre et amoureuse de Lucidor. Lucidor est beau, riche, et amoureux d'Angélique. Vont-ils se le dire, se marier, vivre heureux longtemps et avoir beaucoup d'enfants ?
Eh bien non, chez Marivaux, on le sait, les chemins les plus simples ne sont pas les meilleurs. Lucidor a besoin de s'assurer qu'Angélique l'aime lui et pas sa fortune. Il fait venir son valet parisien de belle prestance qu'il offre à Angélique comme un royal époux. Colère de la belle qui de dépit se donne à Blaise, gentil fermier du voisinage, qui l'aime en vain d'un amour tendre. Sans pitié pour sa fille au désespoir, la mère d'Angélique, âpre au gain et prête à vendre sa fille, s'oppose à son mariage avec un modeste fermier. Qu'à cela ne tienne, Lucidor offre de l'argent pour cette malhonnête transaction, ultime forfaiture !
Les cercles de la perversion auront rarement atteint un tel degré dans les pièces de Marivaux : mensonges, travestissements, quiproquos, malentendus, ruses, stratagèmes, faux semblants, double sens, non-dits, tromperies, rien ne semble freiner Lucidor dans ses manigances tue-l'amour : c'est qu'ici le mécanisme habituel du marivaudage où il faut éprouver l'amour avant de s'y abandonner, se complique d'une dimension tragique. Lucidor est malade, la mort semble toute proche, l'orage des doutes et inquiétudes se transforme en tempête : comment Angélique pourrait-elle aimer un homme condamné à court terme ? N'est-elle pas motivée par l'argent ? Ne confond-elle pas amour et pitié ? Lucidor n'est-il pas travaillé par l'angoisse de mourir seul ?
Et soudain la comédie se voile d'une infinie tristesse ! On se croirait chez Maupassant, avec ses terrifiants tableaux d'une paysannerie mesquine et désenchantée. Angélique est cernée, la cruauté de son amoureux, la duplicité de Frontin, la pression de Basile, la méchanceté de sa mère sans compassion pour la détresse de sa fille prise dans un piège d'où elle sortira épuisée, vaincue, détruite. Lorsqu'enfin Lucidor lâche sa proie, Angélique s'ébroue et si son visage s'illumine c'est de répit et non d'amour. Le happy-end est un leurre, on ne badine pas (impunément) avec l'amour est la morale de l'histoire. Un ange passe, quelques plumes volent, les coeurs se serrent, quelques larmes coulent.
La mise en scène d'une rigueur géométrique laisse apparaître tous les interstices où se cachent les tourments, peur de la vie et de la mort chez les uns, solitude et déficit d'amour chez les autres. Devant un ciel d'un romantisme torturé et un paysage d'hiver aussi aride que les coeurs calcinés, Lucidor traîne son corps malade, incarnation de la souffrance morale qu'il inflige à Angélique, et qui contamine tous les protagonistes qui semblent s'épuiser au fur et à mesure que la pièce file vers son terme. Les six comédiens, finement dirigés par Clément Hervieu-Léger, pensionnaire de la Comédie-Française et ancien collaborateur de Patrice Chéreau, jouent à l'unisson une partition tendue entre le rythme d'une lenteur douloureuse et le jeu fébrile de l'urgence à vivre.

mise en scène Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française
scénographie Delphine Brouard

agenda
Du 21 janvier au 24 janvier 2014
Terminé
20h30 sauf le mercredi à 19h
Tarif
De 8€ à 34€
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Évènement terminé
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