Il est des œuvres vivantes si totales, si enveloppantes, qu’elles échappent à leur destin éphémère, s’ancrant dans les rétines, les mémoires, et donc les récits. Après la répétition / Persona en fait partie.
Avec cette double pièce qui met en vis-à-vis un metteur en scène si obsédé par le théâtre qu’il en oublie la vie et, à l’inverse, une actrice sombrant dans une dépression muette tant le réel lui manque, Ivo van Hove chahute l’eau trouble des frontières entre fiction et réalité. En composant ici une expérience multisensorielle, à l’appui d’un Bergman parlant de la vraie vie – l’amour, l’enfance, les déceptions, la mémoire, la joie –, il offre au public une œuvre débordante de sincérité. Un plongeon dans ce que l’intime dit de l’universel, et réciproquement. Vertigineux.