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520 millions d'euros pour désenclaver le train et la route dans les Alpes du Sud pour les JO de 2030

Le Premier Ministre François Bayrou était ce vendredi à Briançon pour annoncer l'engagement de l'Etat à participer aux investissements sur les infrastructures routières et ferroviaires pour les Jeux Olympiques d'Hiver de 2030 dans la région. Voici le détail des projets qui vont être réalisés.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 27/06/2025
520 millions d'euros pour désenclaver le train et la route dans les Alpes du Sud pour les JO de 2030

Cela faisait des semaines que l’on attendait de connaître quel serait la participation de l’Etat pour désenclaver la vallée de la Durance. Ce vendredi 27 juin, le Premier Ministre François Bayrou a réunit un Comité Interministériel dédié aux Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver 2030 à Briançon réunissant plusieurs ministres.

Dans un contexte budgétaire fortement dégradé et incertain avant le budget qui sera présenté à l’automne, François Bayrou n’est pas venu les mains vides, mais pas non plus les poches pleines.

« Grâce aux Jeux 2030, les Alpes du Sud changent de dimension. Ce que nous attendions depuis des années devient enfin possible : des trains plus rapides, des routes sécurisées, des vallées mieux desservies. C’est un héritage utile, durable, et attendu. Je tiens à remercier le Premier ministre, François BAYROU, et l’ensemble du Gouvernement pour cette décision majeure, fruit d’un travail collectif, au service de nos territoires. » déclare Renaud MUSELIER, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Président délégué de Régions de France.

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L’Etat et la Région vont investir chacun 210 millions d’euros désenclaver le Briançonnais et les Alpes du Sud

Les élus réunis au Fort des Têtes à Briançon © Florent Gardin / Région Provence Alpes Cote d'Azur

L’Etat accompagne les régions via des « Contrats de Plan État-Région ». Pour la Région Provence Alpes Côte d’Azur, il en existe un en cours et le Premier Ministre est venu en annoncer un nouveau, spécialement dégainé pour financer les aménagements en vue des JO de 2030.

En clair, sur ces 520 millions d’euros d’investissement, 252 millions étaient déjà prévus et 268 millions sont annoncés aujourd’hui, à part égale entre l’Etat et la Région Provence Alpes Cote d’Azur.

Cette notion de partage à 50/50 résulte d’un pacte financier entre l’Etat et les Régions en vue de cette candidature. Cela concerne le budget d’organisation des Jeux (800 millions d’euros d’investissement) mais aussi les infrastructures. Sachant que d’autres partenaires financiers peuvent aussi contribuer à ces aménagements, notamment le département pour les routes mais aussi les villes. Ainsi, 210 millions d'euros chacun, l'Etat et la Région vont contribuer à hauteur de 420 millions d'euros. Les 100 restants seront financés en partie par le Département 05.

L’objectif du Premier Ministres est d’engendrer « une amélioration significative de la desserte des Alpes du Sud par le train et une sécurisation des réseaux routiers nationaux et départementaux tout en améliorant leur résilience climatique. Il s’agit d’améliorer les réseaux existants en privilégiant les transports collectifs pour proposer une alternative à la voiture individuelle, d’assurer la desserte des sites olympiques et paralympiques et de les connecter aux communes qui offriront les hébergements et les bases arrières logistiques des Jeux Olympiques et Paralympiques. »

342 millions d’euros pour gagner une heure en train entre Marseille et Briançon

L'Etoile de Veynes est un des points clés de la rénovation de la ligne des Alpes

Le principal volet des investissements concerne la rénovation de la ligne Marseille-Gap-Briançon. Pas de TGV comme pour Alberville, mais des trains qui devraient rouler un peu plus vite et pouvoir aussi se croiser plus souvent. L’une des faiblesses de cette ligne, c’est qu’elle est à voie unique. Pour se croiser, deux trains doivent atteindre l’une des gares du parcours, ce qui est souvent très contraignant.

Pas de construction de lignes nouvelles donc, mais la « régénération complète de la ligne Marseille-Briançon » précise Matignon. Une régénération d’une ligne, c’est renouveler le ballast, les rails, les équipements de signalisation et renforcer les ouvrages d’arts tels que les ponts et les tunnels. Ce sera également « plus d’endroits où les trains peuvent se croiser ou se doubler » précise Jean-Pierre Serrus en charge des transports et de la mobilité à la Région.

Certaines gares seront également modernisées : Ce sera le cas à Manosque et surtout à Briançon qui disposera d’un pôle multimodal d’échange vers les sites olympiques.

L’autre volet concerne les trains : « Le matériel roulant sera en parallèle décarboné » souligne Matignon qui souhaite ajouter deux allers-retours express quotidiens en 2030 sur cette ligne non électrifiée. Des réflexions sont en cours autour de nouveaux modèles de trains électriques sur batterie ou à hydrogène, mais qui devront s’adapter au profil particulier de cette ligne qui monte dans les Alpes.

L’objectif est de passer d’un temps de parcours entre Marseille et Briançon de 4h45 actuellement à 3h40 en 2030.

Les premiers travaux devraient débuter dès la fin de 2025. Le montant total des investissements est de 342 millions d’euros : 150 millions financés par l’Etat et autant par la Région. Les 42 millions restants le seront pas le département et les villes.

Aucune nouvelle route, mais 180 millions pour les renforcer

Le second volet des investissements concerne la route. Même en 2030, cela devrait rester le moyen le plus rapide et le plus utilisé pour accéder aux épreuves du Briançonnais.

Ce volet est clairement sous-doté, car avec 180 millions d’euros, il ne s’agit pas de fluidifier ou de créer des déviations, mais la plupart du temps de renforcer les routes existantes et d’y apporter des aménagements à la marge comme des ronds-points.

Ainsi Matignon explique qu’il s’agit de « renforcer la résilience du réseau existant face aux risques induits par le changement climatique et l’altitude. »

L’exemple le plus emblématique est certainement l’abandon du projet de déviation de la Roche de Rame. Ce petit village plein de charme est asphyxié depuis des décennies par le trafic routier. Un projet de déviation aurait permis de le laisser enfin respirer, mais l’Etat en a décidé autrement : plutôt que de fluidifier le trafic, on va baisser la vitesse des voitures et des camions en continuant à les faire traverser le village. Alors que la route est bien trop fine pour que les camions puissent s’y croiser, la circulation leur sera alternée, avec également la destruction programmée de plusieurs maisons. Bref, la traversée du village de la Roche de Rame s’annonce encore plus compliquée en 2030 malgré les 18 millions d’euros de travaux qui vont y être engagés.

Le seul projet de taille concerne la rocade de Gap. C’est un projet fil rouge depuis 50 ans qui devrait s’achever avant 2030. Composé de trois sections, seuls trois kilomètres ont été livrés aujourd’hui malgré ces années d’études et de travaux et un budget multiplié par deux. Si ce projet tient une bonne place sur les chantiers pour 2030, il faut tout de même relativiser car il ne se situe pas sur l’axe habituel Marseille-Briançon qui lui préfère l’itinéraire plus court via Tallard et Valserres et qui évite Gap. La déviation pourrait changer la donne, ou pas.

Dans le Briançonnais, en lien avec le comité d’organisation des Jeux, quelques aménagements spécifiques seront malgré tout créés, en lien avec l’accueil des épreuves : on parle d’un nouveau parking à Montgenèvre ou de la création d’une voie dédiée aux athlètes et organisateurs entre Briançon et Serre Chevalier.

Il y a quelques jours, Jean-Marie Bernard, président du Département des Hautes Alpes déclarait «Ce qu'on peut faire en 5 ans, il nous aurait fallu 15 ou 20 ans pour le faire, voire ne pas le faire du tout. Ces Jeux Olympiques sont un excellent prétexte pour faire ce qu'on n'aurait pas pu faire.»

Sur ces 180 millions d’euros de travaux de rénovation, un tiers sera financé par la Région, un tiers par l’Etat et un dernier tiers par le Département 05.

Les principaux chantiers routiers programmés d’ici 2030

Gap-Briançon (RN 94)
Principaux points à corriger d’ici 2030 :
- la traversée de Savines-le-Lac
- la traversée de la Roche de Rame
- la traversée de l’Argentière La Bessée
- l’arrivée et la traversée de Briançon

Tallard-La Bâtie Neuve (liaison RN 85-RD 942-RN 94)
Principaux points à corriger d’ici 2030 :
- carrefour entre la N85 et la D942 vers Tallard (travaux en cours)
- traversée de Tallard
- carrefour entre la D900B et la D942
- carrefour entre la N94 et D942 à la Bâtie-Neuve

Briançon-Grenoble (RD 1091)
Principaux points à corriger d’ici 2030 :
- travaux de modernisation du tunnel des Ardoisières pour près de 100M€.

Rocade de Gap et RD 1075
- fin des travaux attendues avant 2030
- aménagements sur la RD1075

Un investissement quatre fois plus faible que pour Alberville 92

Les derniers Jeux Olympiques d’Hiver en France avait permis aux Alpes du Nord de bénéficier d’investissements massifs de la part de l’Etat et des collectivités locales: 12 milliards de francs, l’équivalent de 2 milliards d’euros aujourd’hui en y intégrant l’inflation.

Outre la construction d’hôpitaux et d’équipements culturels, l’Etat s’était investi pour construire des voies rapides et autoroute et le TGV permettant d’accéder à la Haute-Tarentaise. Aujourd'hui, ce territoire continue de bénéficier pleinement de ces investissements ancrés dans le long terme.

De tels projets étaient imaginés pour les Alpes du Sud, mais compte tenu des délais très courts entre l'annonce de la sélection des Alpes Françaises pour les JO et du contexte économique très dégradé de la France, ils ne sont jamais sortis des archives.

Crédit photo une: Florent Gardin / Région Provence Alpes Cote d'Azur

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