Quel bonheur de découvrir ces jeunes artistes entre tradition et innovation.
Merci au Ballet Preljocaj pour ces rencontres européennes qui nous rappellent que la génération montante augure bien de l’avenir !
La Codarts University for the Arts développe un parcours en 3 pièces qui permet de se faire une idée de l’étendue des possibles de la section danse de cette école qui forme aussi des musiciens et circassiens. La bande-son des trois parties constitue un écrin sensuel de voix chaudes aux œuvres chorégraphiques.
Les deux premières parties du programme : un solo masculin et un duo danseuse-danseur, ont en commun une grande virtuosité.
En seulement quelques minutes, le temps d’une chanson, le danseur solo semble repousser les limites de la fluidité dans sa manière d’habiter l’espace scénique y compris le sol dont il fait un élément dynamique.
Au fil du duo on retrouve des éléments signatures du chorégraphe Cayetano Soto, comme la gestuelle des mains et des doigts, dont les jeunes interprètes nous offrent un haut niveau technique non dépourvu de sensualité.
La dernière pièce réunit 14 danseuses et danseurs pour un moment jubilatoire où l’humour trouve sa place ; la chorégraphie joue avec les codes classiques tout en nous embarquant dans une exploration d’innovation formelle où l’individu à la fois se fond dans le groupe et s’en distingue – à l’image des costumes (justaucorps satinés ultra féminins pour tous) qui déclinent le genre avec malice.
Le CNSMD (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse) de Paris revisite une référence du répertoire de la danse contemporaine : « Concerto », créé dans les années 90. La surprise ne vient donc pas de la conjugaison de la rigueur graphique de Lucinda Childs, et du minimalisme envoûtant de la musique de Gorecki, mais bien du talent des 7 interprètes. Ils s’acquittent du défi de l’exercice de style avec maîtrise, depuis la précision dans les déplacements, jusqu’aux performances techniques.
Le Jeune Ballet d’Allemagne de Hambourg : 8 danseuses et danseurs, accompagnés par 5 musiciens sur scène, termine ce voyage aux pays des jeunes talents d’Europe avec brio. Ce qui se dégage semble être la joie avec laquelle les artistes évoluent entre une rigueur assumée d’explorer les codes classiques de la danse, et ce, soutenu par la musique de Schubert, et la fantaisie avec laquelle ils dépassent ces codes. Leur aisance au sein du dispositif scénographique où portes et passages invitent à la créativité permet d’apprécier la virtuosité de chacun ainsi que l’inventivité de la chorégraphie.
Isabelle Savy
Photographie « Jeune Ballet d’Allemagne »
© K. West
