Alors que le festival OFF d’Avignon bat encore son plein, ce début d’édition 2023 proposait à la Scala Provence de beaux moments de danse avec la prestation du ballet de l’opéra grand Avignon sur la création de 2 chorégraphes invités : Edouard Hue et Hervé Koubi.
La création d'Edouard Hue nous plonge dans un univers onirique en empruntant un style de danse qu'il affectionne, c'est-à-dire une gestuelle aux accents de Gaga dance, entre relâchement apparent et fluidité.
Cette grande liberté de gestes, basée sur les sensations du corps, offre de la modernité à cette danse (qui, sans être classique, n'est plus toujours contemporaine).
Le contraste entre le langage chorégraphique et le conte classique de l'Oiseau de Feu apporte une dimension toute poétique. La narration est respectée : un jeune garçon dansant et errant dans une forêt mystérieuse rencontre des créatures extraordinaires. Il est mis en scène par un jeu de costumes et de mouvements se fondant et glissant dans le noir, ou au contraire s'en détachant en jaillissant ou virevoltant dans de vives couleurs. Les effets visuels, pleins de charme, figurent bien cet aspect magique !
Le spectacle, tout public, est une réussite à voir seul, à deux ou en famille!
Hervé Koubi, avec son style chorégraphique, adapte le grand classique de Ravel dans une version renouvelée, sans pour autant ternir l'image de l'œuvre. On pourrait même dire que le chorégraphe et les danseurs donnent un sacré coup de jeune à cette pièce devenue classique du répertoire de la danse contemporaine depuis la création de Béjart.
S'appropriant les codes de ce classique, il y ajoute des mouvements proches du hip-hop et de la danse de rue. On retrouve ce contraste jusqu'au niveau des costumes : tops en dentelle et bas entre hakamas et sarouels.
Sans révéler tous les moments forts, la ronde, l'une des images désormais attachées dans nos esprits à cette chorégraphie, est également revisitée. Habituellement centrale et pièce maîtresse de cette œuvre, elle est ici un tableau parmi d'autres, ni placée au milieu de la scène ni l'unique mouvement du tableau. C'est ce qui en fait sa beauté et sa particularité. Ce moment nous offre un point de vue décentré où la sacralisation n'est pas une injonction.
Tout le spectacle se déroule dans une énergie folle et lorsque vient la fin, on voudrait encore plus.
Le chorégraphe nous a habitués par le passé à mettre en mouvement et en espace sa troupe de danseurs athlètes, alors que l'Opéra est de formation plus classique. Il est donc remarquable de voir comment Hervé Koubi, l'Opéra et le ballet parviennent à cette belle symbiose, sans que chacun ne perde son identité.
Coup de coeur de nos reporters !
article : Noémie Roudaut
photos : Didier Philispart