« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » dit la chanson qui pourrait s’appliquer à cette Fin de partie de Beckett. Hamm, aveugle et paralytique, tyrannise Clov. Les parents de Hamm sont reclus dans des poubelles. Passé incertain et futur sans issue, le temps semble s’être arrêté… et pourtant, de la catastrophe naît un humour paradoxal. Noir, bien sûr, mais « noir clair ! » dit Clov. La pièce concentre les grands thèmes beckettiens: un univers après l’apocalypse et la dévastation, la solitude, l’usure du temps et du langage, le vieillissement et la dégradation des corps, la dépendance et la rancœur qui en découlent, les répétitions et les silences qui forment la musicalité particulière, unique et reconnaissable du style de Beckett. Il y a aussi le son de la mer qui rappelle l’Irlande natale de l’écrivain et des souvenirs qui émergent de la nuit.
Jacques Osinski inscrit la pièce dans une scénographie qui laisse toute la place à l’imagination sans verser dans l’abstraction. Face à Hamm (Frédéric Leidgens, impérial), Clov (interprété par un Denis Lavant magistral), perçoit cet ailleurs rêvé dans sa longue vue, comme dans des films en Super 8 rayés, seuls témoignages d’un monde perdu.
Texte Samuel Beckett publié aux Éditions de Minuit
Mise en scène Jacques Osinski
Avec Denis Lavant, Frédéric Leidgens, Peter Bonke et Claudine Delvaux
Photo © Pierre Grosbois
Durée 1h45
Infos/réservations : chateauvallon-liberte.fr