Texte de jeunesse destiné au cercle intime de l’écrivain suisse-allemand Robert Walser, L’Étang bascule aujourd’hui dans l’univers hanté de la metteure en scène Gisèle Vienne, sous la forme d’un drame déstabilisant. Dans une boîte blanche qui se pare de couleurs au gré des plans narratifs et des jeux de tension, une tragédie familiale parfois linéaire, parfois plus opaque, se noue autour d’un jeune homme simulant le suicide pour mettre au défi l’amour de sa mère.
Les comédiennes Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez donnent voix à une dizaine de personnages alors que grondent les textures du musicien drone Stephen O’Malley. Derrière l’esthétique tranchante, les déplacements millimétrés et le chaud/froid diabolique de l’artiste franco-autrichienne, s’agitent pulsions obscures et jeux de domination, mais se révèle aussi la force insaisissable du langage, et du théâtre lui-même, dont le système de signes peut ici se brouiller à tout instant. Seul demeure, comme toujours chez Gisèle Vienne, un malaise – abstrait mais palpable, et bizarrement exquis.
Conception, mise en scène, scénographie, dramaturgie Gisèle Vienne
Interprétation Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez
Infos/réservations : actoral.org