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La difficile mise en place du protocole sanitaire dans les bars à Marseille

Entre enjeux économiques et sanctions finalement pas si fortes, la tentation est réelle pour certains établissements de continuer à accueillir du public sans appliquer strictement le protocole sanitaire.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 13/10/2020
La difficile mise en place des protocoles sanitaires dans les bars à Marseille

En cette fin de semaine, de nombreux Marseillais et quelques rares touristes prennent l’apéro en terrasse. Dans ce bar bien connu du 7ème arrondissement, il est difficile de voir que nous sommes en état d’alerte sanitaire maximale. Service au comptoir uniquement, clients qui consomment debout, distanciation sociale très aléatoire... Tout le monde profite de la vue panoramique et du bon temps sans trop se soucier du virus. "On joue avec le feu" reconnaît le gérant. Il sait très bien qu’il n’est pas dans les clous, mais explique aussi qu’il n’a jamais été contrôlé depuis le printemps. Certes il n’y a plus la foule de cet été, mais cette baisse est relative. Comme dans de nombreux bars de Marseille, elle fait suite à un été record.

Si les mesures sont globalement bien appliquées ; dans certains secteurs de Marseille et certains établissements, ça reste bien plus difficile à mettre en place.

« Il faut vraiment que les professionnels comprennent que ces règles ne sont pas contre eux mais pour eux. » Emmanuel Barbe, Préfet de police des Bouches du Rhône

Des sanctions trop légères pour les établissements ?

Faute d’une prise de conscience, et surtout face aux enjeux économiques à court terme, la tentation reste forte de passer outre les mesures sanitaires pour les établissements. Car finalement, avec les différents dispositifs de solidarité nationale, même en cas de fermeture, les établissements restent aidés.

Déjà, avant de subir une fermeture administrative de 15 jours, un bar ou un restaurant a droit à  une dernière chance : Lors du premier contrôle de police, l’établissement est mis en demeure de se conformer aux règles. La fermeture n’interviendra que lors du second contrôle si l’établissement n’a toujours pas respecté les règles.

Dans tous les cas, et dès la première visite, l’établissement recevra une amende. Elle débute à 135€, un montant bien dérisoire quand on sert des dizaines voire des centaines de clients chaque jour.

Certains préfèrent donc prendre le risque. Le service à table peut nécessiter dans certains bars l’embauche d’un serveur. La distanciation sociale réduit de fait la capacité d’accueil... Bref, pour certains, on maximise les profits en attendant un hypothétique avertissement de la police qui leur permettra ensuite de réduire la voilure en quelques heures pour rentrer dans les clous.

Une sanction compensée par une aide financière de l’état avec le fonds de solidarité?

Quand bien même ces établissements subiraient une fermeture administrative imposée suite à leurs manquements, ils savent aussi qu’ils bénéficieront du fonds de solidarité pouvant aller jusqu’à 10.000 € précisément pour combler le manque à gagner de cette fermeture.

Initialement conçu pour palier les fermetures globales décidées par territoire, le fonds de solidarité pourrait être sollicité dans ces cas particuliers. Ce n’est pas l’esprit de la loi, mais le décret du précisant ses conditions d’accès est clair et fixe comme condition celle d’avoir subi « une interdiction d'accueil du public » sans préciser si elle est due au mauvais comportement des établissements. Contacté, le cabinet d'Alain Griset, le Ministre délégué auprès du ministre de l'Économie ne confirme pas que cette compensation soit possible, aucune demande dans ce sens n'ayant déjà été remontée au ministère. 

Des contrôles plus soutenus depuis ce weekend

Dès ce samedi, des patrouilles de police ont sillonné le quartier de la Plaine à Marseille. Dès les premiers bars visités, le respect des règles devient aléatoire.

« Les clients doivent être assis. On n’a pas le droit de jouer au flipper debout. On ne fait pas ça pour embêter les professionnels, ils méritent toute notre estime. C’est juste qu’en ce moment, on a un maudit virus qui fait que nos hôpitaux sont très sous tension. Il faut donc respecter ces règles qui ont été négociées avec la profession et qui sont réalistes. On n’aura aucune pitié, parce que ce protocole est simple. Désormais on contrôle régulièrement, le soir, la journée » soulignait alors Emmanuel Barbe, le préfet de police.

Bilan de la journée de samedi à Marseille : 5 établissements ont été mis en demeure. Ils sont tous rentrés dans les règles lors du second passage de la police, aucun n’a donc été fermé.

« Toutes les fois où l’on a fait des mises en demeure, les professionnels ont respecté les règles immédiatement. Ce sont des professionnels qui veulent continuer à travailler. » Emmanuel Barbe, le préfet de police.

Les polices municipales appelées en renfort

Durant l’été, et avant la fermeture globale des bars et restaurants de début octobre, la Préfecture a ordonné 4 fermetures administratives et 25 mises en demeures. Le préfet de police précise que des milliers de contrôles d’établissements ont été effectués durant cette période.

« Il faut aussi que les polices municipales nous aident. Elles sont habilitées à verbaliser le non respect de l’arrêté du préfet. Je le demande de façon solennelle. C’est un combat qui intéresse tout le monde et c’est l’intérêt de toute la ville : A la fois que les établissements soient ouverts et que le protocole soit respecté. »

Ouverture des bars : priorité au respect des règles sanitaires

Les bars ont l’autorisation d’ouvrir depuis le 7 octobre à Aix et Marseille à condition de proposer une offre de restauration. Quelques cacahuètes et des olives ne sont pas une offre de restauration. Mais pour le préfet, la priorité numéro une n’est pas de débattre de ce qui est de la restauration ou pas, mais d’appliquer les mesures sanitaires.

« Vous avez six règles à respecter, c’est quand même exigeant. Si elles sont respectées, ça ira. On ne va pas aller doser le grammage des chips. Le but ce n’est pas d’empêcher l’activité, il faut qu’elle intervienne dans des conditions sanitaires convenables. C’est vraiment ça le premier enjeu.»

Les huit grandes conditions définies par le préfet pour accueillir à nouveau la clientèle dans les bars et restaurants à Aix et Marseille

- Proposer une offre de restauration à table

- Une restriction horaire, avec une fermeture imposée entre 0h30 et 6h du matin

- Le service doit se faire à table et avec des clients assis impérativement. (interdiction de consommer debout en intérieur comme en extérieur)

- la distance minimale entre les chaises de tables différentes est fixée à un mètre minimum

- Pas plus de six personnes réunies à une même table.

- obligation du port du masque pour les professionnels (interdiction stricte des seuls quipements non protecteur type visières-menton) et par les clients, aussi bien à l’entrée et que lors de leurs déplacements au sein de l’établissement

- L'établissement doit afficher à l’entrée sa capacité maximale d’accueil respectant les mesures précitées

- La mise en place d'un « cahier de rappel » afin de garder à disposition des autorités sanitaires les coordonnées des clients en cas de contamination et de les aider à remonter le fil des sujets contacts.

 

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