chargement en cours

Interview d'OrelSan

Du 26/05/2009 au 28/05/2009 - Marseille - L'Affranchi - 18 °
Terminé
Publié par Salima Kettar le 26/05/2009 - Modifié le 28/05/09 00:00
Interview d'OrelSan

Avant son concert à l'Affranchi, le jeune rappeur OrelSan a répondu aux questions de Frequence-sud.

Est ce que tu peux te présenter, OrelSan ?
Orelsan, j'ai 26 ans, je viens de Caen, dans le Calvados, je viens de sortir mon premier album, dans les bacs depuis le 1er février qui s'appelle Perdu d'avance. Donc, en ce moment je suis en tournée, je fais à peu près 2 dates par semaine.

Est ce que ça te vas le titre de « Sociologue », dans la manière dont tu décris ta génération ?
C'est plutôt un compliment donc ça fait plaisir. Après, « sociologue », je me base sur mon expérience personnelle et sur les gens autour de moi donc ce n'est pas non plus approfondi. Mais, c'est sur, des gens se sont retrouvés dans mes textes, j'ai pu voir ça sur internet. C'est le plus beau compliment qu'on puisse me faire car ça veut dire que j'ai réussi à analyser et retranscrire des choses qui font que c'est suffisamment précis pour bien raconter ce que j'ai voulu dire donc...je prends.
 
Rapper c'est tout un art. Je sais que tu as commencé par le son et ce n'est qu'après que tu a rappé. Comment tout ça s'est déroulé ?
En fait, j'ai commencé par rapper mais juste en soirée, avec les potes mais je n'ai jamais voulu en faire mon métier. C'était surtout pour le fun. A l'époque, ça coutait cher d'avoir du matériel. Du coup, j'ai commencé par rapper parce que c'était ce qu'il y avait de plus simple. Plus tard, je me suis mis à faire du son petit à petit, j'ai fait du son avec Skread, celui qui a fait tous les sets de mon album, et lui a commencé à faire des instrus à droite à gauche : Diam's , Booba, Psy 4 de la Rime, etc. Du coup, lui était en haut et moi j'avais pas le niveau suffisant. En fait, mes potes, Ablaye et Skread ont crée une société. C'est eux qui m'ont poussé à rapper, il m'ont fait comprendre que c'était quand même mieux que lorsque je faisais des sons. En gros, ils arrivaient à voir l'univers qui se dégageait, ce qu'on voit maintenant sur mon album, et moi je m'en rendais pas compte, je faisais ça pour m'amuser. Les gens aimaient bien, j'ai crée un myspace, je m'amusais à mettre des clips en ligne, des vidéos, des news, des photos, des sons. Et comme ça, y'a pas mal de gens qui ont commencé à me suivre de plus en plus. J'ai passé beaucoup de temps sur internet à rameuter des gens et au final quand il y a des gens de maisons de musique qui ont vu que j'ai plus de 200 000 connexions sur mon myspace, ils m'ont appelé, ça les a intéressé.

Justement, comment s'est passée ta rencontre avec Skread?
Il est Caennais, on était en cours de management ensemble.
 
Avec Perdu d'avance, tu joues à fond la carte de la sincérité en donnant des détails de ta vie personnelle. Comment obtiens-tu cette distance et ce passage du vécu à l'écrit puis à l'interprétation ?
Déjà, vu que je suis quelqu'un de très pessimiste, je doute beaucoup et donc j'ai du recul sur pas mal de choses. J'ai tellement l'impression que ce que je vais dire va être pourri que quand j'écris un texte comme je veux tout écrire et je me retrouve avec 3 pages remplies d'idées et après je supprime jusqu'à ce qui reste que l'intéressant. Le fait de ne pas avoir confiance en soi, ça permet d'avoir du recul mais là vu que ça marche un peu, je vais peut-être écrire des choses plus instinctives.

Tu parles d'une certaine génération donc est ce que tu as un message à passer. Le thème du fossé générationnel est très présent.
Il y a des messages qu'on peut lire entre les lignes ou sur une petite blague, métaphore. Je ne veux pas jouer un personnage trop lisse. Par exemple, à l'adolescence tu vis des déceptions amoureuses ou quand tu arrives dans le monde du travail, tu vas avoir des mauvaises pensées, tu vas commencer à dire des conneries et, des fois, ces conneries-là j'ai envie de les mettre en musique. Donc, en gros, le message que j'ai envie de faire passer c'est pas un message positif genre « si vous vous accrochez vous vous en sortirez », même si c'est pas vraiment faux. Mais j'ai du mal à dégager un vrai message ; des fois je vais parler de mes doutes comme dans Peur de l'échec. On a l'impression que la vie est noire alors que ça va me rester 3 jours dans la tête et après, je vais être de bonne humeur et écrire une chanson comme Logo dans le ciel. Donc, en gros y'a pas un message précis car je pense pas que dans la vie il y ait un moment précis où t'as une idée précise. Sur le 2è album ou plus tard, mon but c'est d'être quand même heureux et j'essaierai de dire des choses plus précises, plus matures mais pour l'instant chacun peut prendre ce qu'il veut : si c'est sérieux, si c'est bien ou mal mais ça reste de la fiction.

Justement, avec Perdu d'avance, on sent qu'il y a une confrontation entre le bien le mal, le mensonge et la vérité, entre toi et ton double...
Oui, j'ai pas vraiment un double , du coup ont dit « Orelsan est méchant, Aurélien est gentil ».

Ca fait un peu Dr Jekyll & Mr Hyde.
 
Exactement. Les être humains sont bipolaires par moments. Par exemple, à un moment je vais me retrouver avec ma copine et me dire que je suis trop content d'être avec cette fille et le lendemain, je sais pas pour quelle raison, je vais aller faire une connerie. C'est vrai qu'il y a ce conflit. Mon album parle de ma période 15-25 ans, une période où tu te cherches, où t'as du mal à mettre en parole ce que tu ressens et du coup la limite du bien et du mal est fine. La notion est souvent là, comme dans Soirée ratée où je raconte qu'on passe des soirées de merde mais qu'au final, ça fait une chanson joyeuse et que ces soirées pourries ce sont les meilleurs souvenirs qu'on va garder de cette période. Donc le bien et le mal, c'est compliqué car on te met dans des cases en te disant « oui mais t'as dit ça, ça me gène » donc c'est pas si simple que ça.

Dans Peur de l'échec, qui conclut ton album, position assez révélatrice, tu dis qu'en gros tu fais l'acteur...
Oui, mais je ne dis pas que je fais l'acteur que dans mes chansons mais aussi dans la vie de tous les jours.

Et donc c'est Aurélien qui parle ?
Ouais...de toute façon Aurelien et Orelsan, c'est pareil. Je ne change pas d'attitude en fonction de comment les gens m'appellent. Celui qui parle, c'est moi quand je commence à déprimer, quand je rentre dans un cercle infernal. Moi et beaucoup de gens de ma génération. Donc bien sûr, on peut dire que c'est Aurélien, c'est moi sans artifice et les autres, je les ai inventé.

Dans ton album, tu es toujours en représentation (d'un personnage, d'un groupe, d'une génération), tu ne te poses pas en héros mais en antihéros. Pourquoi ?
Parce que les héros ne m'intéressent pas vraiment. Je lis beaucoup de BD, je regarde beaucoup de films et ceux qui ‘intéressent sont les héros un peu torturés. Par exemple, un personnage de BD comme Batman, c'est un héros super torturé qui est en opposition avec Superman qui est genre le Boyscout par exellence et qui n'existe pas. Dans la vraie vie, à un moment tous les héros vont avoir un vice quelque part, donc je me place en antihéros car c'est ce qui me représente le plus, c'est ce qui est le plus intéressant car le plus réaliste. Mais les héros, ça peut être marrant aussi...peut-être qu'un jour je ferai une chanson la dessus. Mais pour l'instant, c'est le côté réaliste qui me parle.

Tu es donc beaucoup nourri de cette culture de mangas, de jeux vidéos, de films. Est-ce qu'il y a des personnages qui t'ont inspiré ?
Oui mais franchement, je me base beaucoup sur ce que je pense. Après, ils inspirent pas vraiment ma musique mais moi dans la vie de tous les jours, j'en suis encore à m'identifier à certains personnages de type Shonen, c'est-à-dire Mangas pour jeunes garçons, et c'est l'histoire d'un gamin normal sans grande histoire, victime et qui par un parcours initiatique, va se transformer en quelqu'un de meilleur. C'est pareil avec le manga Beck, qui parle musique. Une chanson comme Soirée ratée, ça rappelle beaucoup un personnage comme ceux de Ben Stiller.

Dans tes clips genre « films faits à la maison », le décor est Caen. Tu y vis toujours ?
Oui, parce que j'ai mes potes là-bas, j'y suis bien et ça me permet de me reposer car je suis plus sur Paris mais c'est pas chez moi. Et tous les clips, sauf No-Life et Différent, on a tout fait nous-même avec Skread. Tout nous ressemblait vu que décors sont ceux de mon apparte.

Tu as un univers qui t'appartient. Où te situes-tu dans le monde du rap ? Quelles sont tes influences et qu'est ce que tu détestes ?
Non, il n'y a rien que je déteste, sauf les mauvaises chansons, logique. Après certains trucs ne sont pas trop mon délire mais je m'attarde pas sur les trucs que je détestes sinon j'aurais une vie de merde. Moi, j'ai grandi en écoutant NTM, IAM, Secteur A, après ça fait 15 ans que j'écoute du rap donc ça fait beaucoup de groupes comme Lunatic, Triptic. Je ne pense pas que ce soit à moi de me situer dans le monde du rap, c'est plutôt au public de choisir. Moi, ce que j'aimerais c'est de m'encrer dans lignée du rap français en tant qu'Orelsan et non pas de Blanc de Provence.

Etre considéré comme une minorité visible, quoi ?
Exactement. Et Puis, on est en 2009, le rap existe depuis 20-30 ans et tous le styles de musique vont commencé à se mélanger. Je chante sur les refrains, j'écoute du Rock, de la Varièt' et je pense qu'on devrait être capable de faire un style de musique sans rentrer dans des cases et d'ailleurs je trouve qu'en France on est un peu en retard à ce niveau-là. Mais même dans le mentalités, il y a beaucoup de clichés sur le rap. Certains disent que le rap français est Bling Bling mais c'est faux. Par exemple, tu prends le rap de Marseille et il n'y a rien de Bling Bling. Il y a beaucoup de clichés.

Et en ce qui concerne la Polémique autour de Sale pute , avec un peu de recul et en tant qu'artiste, comment tu analyses ça ?
Il y a pleins de facteurs différents. Il y a eu un gros problème de communication, d'incompréhension car la rumeur est partie du fait que les bloggeuses qui ont déclenché tout ça ont pensé que j'allais faire Sale pute au Printemps de Bourges et ça c'était faux car je ne la chante plus, elle n'est plus sur mon Myspace. Ensuite, le gens que je rencontre dans les manifs n'ont pas écouté mon album. Ils veulent déprogrammer le concert. L'autre jour, je faisais un concert dans le 77, je leur ai proposé de venir le voir mais ils n'ont pas voulu. Je trouve ça dommage. Il y a aussi une différence de génération. C'est une grosse différence de génération car le vocabulaire n'a plus le même poids maintenant et la façon de parler est beaucoup détachée de la réalité qu'il y a 30-40 ans, je pense. Enfin, ce sont les conclusions que j'ai tirées. J'ai rencontré des femmes qui s'étaient battues pour les droits de la femme, l'égalité hommes-femmes, les violences matrimoniales, ce qui est à leur honneur, et pour moi, elle ont tout mélangé. Ma chanson est une juste œuvre de fiction que chacun a droit de juger et pour moi ce personnage fait pitié car il contrôle pas ses émotions, il se noie dans l'alcool et le pire, et c'est là que certains n'ont pas vu l'ironie, c'est que s'énerver contre son ordinateur, lui faire des menaces c'est ridicule. Et certains ne voient pas que certaines phrases sont choquantes et que c'est tellement gros que ça passe dans le domaine du ridicule. Des gens qui regarde C'est arrivé près de chez, trouvent ça marrant et d'autres ne comprennent pas. Après certains veulent se faire de la pub et il y a les dérives d'internet qui peuvent être dangereuses. Il y a des censeurs pour ça. Et il y a des gens qui condamnent et censurent sans établir de dialogue.

Pour en venir à la scène, comment se passe la transposition de l'album à la scène ?
L
e décor est une sorte de salon comme si j'invitais les gens à passer la soirée avec nous. Il y a Gringe, Ablaye et SKread. On fait des liens, des petites mises en scène entre les morceaux. Par exemple, après 50 pour cent Grung dit que c'est mal et Abla que c'est bien et on enchaîne sur Bien et mal. C'est une sorte de comédie musicale à mini budget.

Tu vas te produire sur une scène de Marseille. Tu connais Marseille? Qu'est ce que ça t'évoque ?
Non, je n'étais jamais venu et je trouve ça super cool. D'ailleurs, quand je suis arrivé ici je me suis dis « mais qu'est ce que je fait chez moi où il fait froid ??? ». Quand il fait beau comme ça, je me dis, comme Aznavour, « La misère serait moins pénible au soleil ». Et au niveau musical, il y a beaucoup de groupes marseillais que j'écoute. Je suis très content d'être là.


agenda
mardi 26 mai 2009
Terminé
20h
223232
Tarif
12
Connectez-vous pour voir vos amis qui veulent y aller.
Je veux y aller !
Évènement terminé
212, bd de St Marcel 13011
Marseille
1 évènement à  venir
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies.