On a connu l’inspecteur Gilbert des Taxis, puis Gomez et Tavarez… On reste à Marseille mais on change de commissariat. Fini la fête : dans MR 73, il pleut et les flics sont beaucoup moins sympas. Olivier Marchal livre un film noir, inspiré d’une histoire vraie, celle d’un double homicide des parents devant leurs petites filles, du temps où le réalisateur était policier, pour de vrai, à la SRPJ. « Je ne pouvais plus supporter cette masse de douleur. Cette histoire m’a profondément marqué et m’a fait couper le cordon avec la police. Je suis entré dans la police grâce au cinéma et j’en suis aussi sorti grâce au cinéma. »
« Un polar sans ripoux, c’est comme une tarte aux fraises sans fraises. » Olivier MarchalOlivier Marchal décrit MR 73 comme « un film dédié aux victimes et aux flics, un film d’amour, sur la solitude et la désespérance ». On y retrouve un Daniel Auteuil en flic au bout du rouleau, en errance, usé et désabusé. Un homme cassé, mais toujours droit face à ses collègues, tous plus ou moins ripoux. Du côté des victimes, Olivia Bonamy se remarque dans son rôle de victime sous pression face au retour programmé du bourreau de ses parents. Un rôle dur, qu’elle a pourtant bien appréhendé :
« Je n’étais pas inquiète du rôle, parce qu’on partait tous sur un scénario magnifique, une écriture riche et intéressante. J’ai beaucoup parlé avec Olivier Marchal, J’étais portée par le réalisateur, par une histoire, un personnage riche. Avant de commencer, j’étais plus dans l’envie et le piétinement que dans le questionnement et l’angoisse. »
photos :
Daniel Auteuil & Olivia Bonamy
L'équipe du film réunie à Marseille
Marseille en toile de fondOubliez les scènes californiennes sur la corniche, les poursuites sur la Canebière et les clichés « pastis-joueurs de boules ». Tout le film se passe à Marseille et dans ses environs, mais Olivier Marchal a pris le parti d’un regard sombre sur la ville. « J’adore Marseille et je voulais casser avec Paris. Ce n’est pas le Marseille, carte postale, C’est un Marseille qui ressemble davantage à l’Italie, une ville puissante. On n’a pas besoin de s’attarder dessus, on la sent sans même la voir ».
Olivier Marchal souhaitait que l’on souffre avec les victimes et le film atteint son objectif. Noir, violent et oppressant. Dans la lignée de « 36 Quai des Orfèvres » et « Gangsters », les amateurs du genre s’en délecteront, les autres beaucoup moins.
par Jean-Baptiste Fontana
photos & ITW prises dans le cadre de l'avant-première organisée à Marseille