H2O une nouvelle formule ? Oui et non, cela mérite une explication : « H2O mémoire de l’eau » est une création chorégraphique initiée en 2012 pour le Forum Mondial de l’eau où elle fut présentée en avant-première. De cette version originelle Jean Charles Gil et sa troupe ont élaboré la création 2013 présentée aux Salins ce samedi.
Le résultat est une approche de l’eau sous toutes ses facettes, fruit de préparations et d’un travail de recherche à l’évidence très dense tant sur le propos que sur la scénographie.
Le ballet commence par une évocation scientifique où les danseurs, déshumanisés dans leurs costumes formés de combinaisons et masques blancs leur donnant l’aspect de clones sans personnalité, inventent une véritable danse moléculaire.
Les trios atomiques : 1 atome d’oxygène pour 2 hydrogènes se forment et évoluent sur l’espace de la scène jusqu’à l’élévation du niveau microscopique vers celui des hommes.
On découvre aussi tour à tour les divinités océaniques. La chorégraphie devient ensuite un véritable hommage à la mer : cette méditerranée qui a le pouvoir de réunir les pays physiquement bien sûr mais aussi de leur faire partager un imaginaire et des traditions communes.
Jean Charles Gil évoque également l’eau en tant que gardienne des mémoires de l’humanité. L’eau capable de lier entre elles les générations puisqu’elle a la capacité d’engloutir les créations des hommes pour les révéler ensuite presque intactes à leurs descendants tel ce bronze de danseur venu du passé et libéré récemment des courants du Rhône.
Mais parlons de danse : cette chorégraphie pour 18 danseurs mêle en fait dans des proportions stœchiométriques 12 danseurs du Ballet d’Europe et 6 danseurs de Hip Hop réunit sur une imposante scène en forme de vague qui leur permet entre autres, de s’élever, de surfer, de glisser, …
Baignée de jeux de lumières qui reproduisent avec réussite les reflets changeant de la lumière traversant le milieu liquide, cette scène est surmontée d’un visage divin magistral et magistralement animé par des effets de lumières témoin de cette mémoire de l’eau.
La bande son, sur mesure évidemment, n’est pas non plus négligée, fleuretant parfois entre musique et bruitages sonores de plongée sous-marine, elle achève de faire de H2O une chorégraphie totalement immersive !
Par Didier Philispart