Cette œuvre intelligente et pédagogique est bien sûr un hommage au précurseur et dieu du Manga, le génial Osamu Tezuka mais aussi à la culture et à la civilisation japonaise et à l'incroyable capacité qu'elle a toujours su montre à surmonter les épreuves au cours de l'histoire comme la récente tragédie de Fukushima.
Le rideau se lève et le danseur et comédien Damien Jalet nous embarque pour une immersion dans l'univers du dessinateur aux côtés de Kazutomi Kozuki interprète inspiré du robot humanoïde Astro Boy, enfant de l'atome et personnage emblématique de l'œuvre de Tezuka autant qu'icône de la culture japonaise.
Départ pour une plongée de 2:15 d'un spectacle au contenu très dense vite rejoint par nombre des personnages du dessinateur.
Le voyage est réussi même si on pourrait peut être s'interroger sur le côté un peu trop ambitieux du nombre de sujets abordés dans ce spectacle qui se retrouve parfois (rarement) dans les plus grands ensembles. De même, les traductions projetées sur écran nuisent parfois à la lecture de la danse pour les (quelques) non trilingues franco-anglo-japonais... mais difficile de reprocher au chorégraphe passionné sa recherche d'exhaustivité sur la très vaste œuvre du mangaka.
Sidi Larbi Cherkaoui réussi plusieurs tours de force, et non des moindres, comme par exemple celui de nous interroger ouvertement sous un angle simple et accessible, sur des questions aussi philosophiques que la part de l'inné et de l'acquis, l'humanité de l'homme, ou encore le rôle de l'éducation et de la religion, ...
On retiendra donc d'abord de ce spectacle multimédia complet les chorégraphies ludiques empruntant - aux arts martiaux les chutes et autres coups de poings - et au manga les cadres et phylactères des bandes dessinées.
On retiendra également pêle mêle les interprétations lumineuses et habitées de la gracieuse Guro Nagelhus Schia, l'intégration des projections vidéos très convaincante et variée, les instants de grâce et la beauté de certains duos et portés ... mais aussi les spectaculaires scènes de budo et en point d'orgue enfin, la musique absolument envoûtante et presque intégralement interprétée live sur la scène du Silo.
La représentation fut donc logiquement très applaudie par une salle comble d'un public de tout âge.
Par Didier Philispart