chargement en cours

A Carry le Rouet, l'oursin de la Côte Bleue est un trésor de plus en plus rare

Dès ce weekend et durant trois dimanches de février, les oursinades reviennent à Carry le Rouet. Un rendez-vous qui célèbre l'oursin, même s'il se fait désormais rare sur la Côte Bleue. Rencontre avec l'unique pêcheur d'oursins de la ville.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 31/01/2025
A Carry le Rouet, l'oursin de la côte bleue est un trésor de plus en plus rare

C’est un métier en voie de disparition sur la Côte Bleue alors qu’il en a fait sa renommée : Damien Féraud est le dernier pêcheur professionnel à exercer à Carry le Rouet la pêche traditionnelle de l’oursin. Le coquillage se fait de plus en plus rare sur les fonds rocheux de la Côte Bleue et cette année, seules cinq licences ont été accordées pour la pêche aux oursins entre La Ciotat et Sausset, dont une seule pour Carry le Rouet.

publicite

La raréfaction de l’oursin sur la Côte Bleue

© sabinoparente / Depositphotos.com

C’est un constat unanime depuis quatre ans environ : l’oursin se fait de plus en plus rare sur la Côte Bleue.

Il y a la question de la surpêche et notamment du braconnage dans certains secteurs qui en explique une partie et d’autres facteurs plus ou moins naturels peuvent aussi influencer sur la bonne santé de l’espèce : Ces dernières années, il y a eu beaucoup de passages de dorades dans le secteur, et ce sont de puissants prédateurs pour les juvéniles.

L’augmentation de la température de l’eau est aussi suivie de près et a certainement un impact, peut-être sur la quantité, et certainement sur la fécondité et donc le nombre d’œufs, les gonades que l’on consomme dans les oursins. Enfin, la qualité de l’eau est un paramètre à surveiller aussi, même si son amélioration depuis quelques années aurait un effet contraire depuis quelques années. Plus l’eau est chargée de nutriment, plus les oursins trouvent à manger des algues.

En tout cas, c’est un exemple rare pour être souligné, les professionnels se sont concertés avec les autorités pour imposer des règles restrictives visant à permettre à l’espèce de respirer dans les Bouches du Rhône. La pêche pour les particuliers est désormais très encadrée avec des quotas maximum. Pas de limites pour les professionnels, mais c’est tout comme, puisque la durée de pêche est très limitée, avec seulement quelques heures de pêche autorisées chaque matin durant quatre heures, pendant deux mois et demi et surtout avec une taille minimale de 5 cm pour chaque oursin. Aujourd'hui, il ne reste donc plus qu'un seul professionnel sur le secteur de Carry le Rouet. 

« Je constate un mieux cette année, je vois davantage de petits oursins dans la Côte Bleue » se réjouit Damien Féraud, l’unique pêcheur disposant d’une licence à Carry le Rouet. « On pourra pêcher ces oursins dans trois ou quatre ans, quand ils auront atteind la taille adulte.»

Une pêche artisanale et raisonnée

Damien Féraud devant le port de Carry le Rouet où il exerce son métier de pêcheur d'oursin pendant près de trois mois par an

Depuis longtamps cette pêche est très artisanale. Sur son petit bateau, Romain ne sort qu’une trentaine de jours par saison, et avec à chaque fois un peu plus de 700 oursins ramassés. On est loin de la pêche industrielle pratiquée en Galice. Et surtout, Damien Féraud fait une pêche intelligente. Contrairement à ce qui se fait habituellement avec des filets ou des palangres, la pêche à l’oursin est réalisée à la demande. Damien plonge jusqu’à 10 m de profondeur, avec des bouteilles et choisit chaque oursin à prélever dans son panier. En connaissant les bons coins et en préservant les petits, il permet ainsi une « récolte » raisonnée dont seule une poignée de clients peuvent bénéficier.

« Ils se comptent sur les doigts de la main : Toinou à Aix, Chez Roger sur le Vieux Port de Marseille, coquillages Claude à Mazargues et le restaurant l’Oursin à Carry le Rouet » Du fait de cette rareté, les prix s’envolent pour les oursins pêchés localement. On arrive parfois à dépasser 2€ pour un seul oursin. L’oursin de la Côte Bleue est devenu un bijou.

Autant dire que si on vous propose des oursins de la Côte Bleue dans un autre restaurant ou sur un marché, il y a de très fortes chances qu’ils soient issus de contrebande ou pêchés ailleurs en méditerranée.

Et c’est d’ailleurs le paradoxe des oursinades de Carry le Rouet qui débutent ce dimanche: cette année, et pour la première fois, il n’y aura pas d’oursins pêchés localement qui y seront vendus. La plupart des oursins qui sont proposés dans la région viennent en réalité de Galice, des côtes méditerranéennes espagnoles ou parfois de Sète.

Un restaurant de Carry propose un menu qui met l’oursin à l’honneur de l’entrée au dessert

Restaurant l'Oursin © FLORIAN DOMERGUE / COMFIANCE COMMUNICATION

Ouvert en juillet dernier, l’hôtel **** Bleu et son restaurant l’Oursin disposent d’une vue panoramique sur le port de Carry le Rouet. En attendant les étoiles Michelin, son jeune chef Ilane Tinchant est à la tête d’une solide brigade qui excelle en cuisine et décline sous toutes ses formes les oursins.

Pour cette première saison, et en écho aux oursinades de Carry, Ilane Tinchant a imaginé un menu gastronomique qui met l’oursin à l’honneur sur toutes les étapes du repas. En entrée cela semble évident, mais le marier avec de la viande ou en dessert avec du chocolat est un pari osé et réussi !

Jusqu’à la fin février, c'est à dire durant la période de pêche de l’oursin, il est possible de déguster ce menu spécial oursin. Le restaurant l’Oursin fait parti des rares clients de Damien Feraud. En termes de fraîcheur il est impossible de faire mieux : les oursins sont pêchés le jour même à quelques centaines de mètres du restaurant et débarqués sur le quai au pied de l’établissement !

Crédit photo: Depositphotos.com / Banque d'image en ligne

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies.