L'église des Réformés est emblématique du centre ville de Marseille, trônant en haut de la Canebière mais aussi, souvent oubliée et mal aimée. En 2019, le Département des Bouches du Rhône et la Ville de Marseille ont entrepris d'importants travaux de rénovations qui l'on profondement changée.
Car l'église de Réformés, est neo-gothique. Elle est relativement récente, construite au XIXème siècle, et cela fait d’elle à la fois une force mais aussi beaucoup de faiblesses.
Achevée en 1886, elle a failli être détruite seulement 35 ans après son inauguration : « Elle a failli être démolie en 1930, elle était vraiment en mauvais état. C’est un peu Notre Dame de Paris à nous. » souligne Martine Vassal, la Présidente du Département qui a contribué au deux tiers du budget de 18 millions d’euros pour sa rénovation.
Si elle imite visuellement les grandes cathédrales gothiques européennes, elle n’a jamais eu leur solidité et les matériaux utilisés en 1886, comme le fer ou le béton, n’ont pas la durabilité de la pierre.
Pendant des années, l’église des Réformés, usée et noircie par le temps semblait s’effacer du patrimoine de Marseille. Le cardinal Jean-Marc Aveline, expliquait même que l’église en était arrivée parfois à célébrer les offices dans sa petite crypte toute triste sous l’église. « Je me réjouis au nom de la communauté chrétienne », tout fier de disposer désormais d'une église comme neuve.
Si le chantier a duré quatre ans, c’est certes à cause du Covid, mais aussi en raison de l’ampleur des travaux nécessaires. La première étape a été de renforcer la structure du bâtiment. L’église actuelle, construite sur un ancien couvent des Réformés a nécessité des travaux pour solidifier son ensemble pour le sécuriser durablement, et notamment la réhabilitation des charpentes et le renforcement des murs intérieurs du choeur.
Une fois cette étape passée, les équipes de l’architecte Renzo Wieder se sont attaqués à tous les éléments esthétiques et extérieurs : renforcement des chéneaux et gouttières, réfection des couvertures en zinc, consolidation des flèches…
Parfois, les travaux ont consisté à réparer. Mais en 1930, face à son usure et dégradation, avec des pierres qui tombaient, il avait été décidé de supprimer une partie de ses ornements, et notamment toutes ses gargouilles et décorations sur les flèches.
Une grande partie du travail a donc été de refaire. Renzo Wieder et son équipe ont pu travailler à partir des plans et photos de l’époque, pour construire et tailler à nouveaux les gargouilles et autres éléments de décoration.
Les équipes de rénovation ont aussi fait un clin d’œil de leur temps, avec une nouvelle gargouille masquée, en mémoire du covid qui considérablement perturbé ces travaux.
Autre chantier « extraordinaire » : celui de la rénovation des vitraux. 1270m² de vitraux à nettoyer et rénover. C’est un chantier hors normes et inédit dans le sud-est de la France, qui a permis à ces 55 éléments de retrouver toute leur brillance et lumière dans l’intérieur de l’église.