Depuis le 18 mai et jusqu’au 21 juillet prochain, l’artiste marseillaise Véronique Rizzo revisite les étapes de libération du genre féminin à travers un triptyque vidéo relatif à trois mythes : grec, hindouiste et bouddhiste, à Technè, sur la façade Diagonales 61.
Ainsi, la première vidéo de la trilogie (Ariane à Naxos), fait référence au mythe d’Ariane à travers la structure du labyrinthe, transformant la grille de Diagonales 61 en support narratif pour le déroulement d’un jeu de fuite, figurant de façon minimale une tentative de libération et d’émancipation par le biais de la rencontre amoureuse avec Dionysos. En effet, trahie et abandonnée par Thésée, Ariane chemine longuement dans un labyrinthe de solitude sur l’île de Naxos, avant d’être courtisée par Dionysos qui l’amène sur l’Olympe où elle est divinisée.
Histoire d’abandon et de retour à la vie, Véronique Rizzo propose ainsi dans cette première vidéo une vision sensible de la femme, basée sur le percept, l’affect. Ariane en effet est une des premières femmes à se libérer du joug masculin, caractérisé par la rationalité, car elle a eu le courage d’entendre et de ressentir la musique du dieu.
Dans le deuxième volet de sa trilogie intitulée Shakti, Véronique Rizzo fait référence à la déesse hindoue dont le principe actif de l’énergie féminine (Shakti) domine le principe passif mâle (Shiva son époux), alors retranscrit dans son simple rôle de semence ou d’essence. Shakti, femme de Shiva, représente ici la puissance féminine de la vie et de la mort, le mouvement de la danse cosmique, retranscrite en vidéo sous la forme d’un Yantra en mouvement. La vidéo devient un support de méditation permettant de percevoir l’énergie féminine dégagée ici par Shakti.
Loin de s’arrêter à cette vision primaire de renversement de pouvoir, Véronique Rizzo propose une interpénétration des deux énergies masculine et féminine s’accouplant pour créer une osmose totale, une égalité cosmique. Influencée par les doctrines tantriques, Véronique Rizzo unie les deux principes dans le troisième volet Yab Yum. Couple de divinités du tantrisme tibétain, en union sexuelle, Yab Yum permet d’atteindre le plus haut niveau d’expérience spirituelle, l’union de l’amour et de la sagesse, par l’imbrication non-duelle du féminin et du masculin.
