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Trop fréquenté, le Parc National des Calanques veut changer ses usages

Avec une fréquentation qui a triplé en huit ans, le Parc National des Calanques est victime de son succès et doit être protégé et repensé.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 12/02/2021
Avec une fréquentation multiplié, le Parc National des Calanques veut changer ses usages

Lorsqu'en 2012 les calanques sont devenues Parc National, personne n'aurait imaginé que cette reconnaissance pouvait à ce point faire exploser sa fréquentation. 

La fréquentation du parc national des calanques a triplé en moins de 10 ans, passant de un à trois millions.

Alors certes ce chiffre n’est pas très précis, mais il peut être mis en perspective avec celui des îles du Frioul, dont la beauté n’a rien à envier aux calanques. Sans l’aura du Parc National, dont pourtant l’archipel est associé, sa fréquentation est passée de 400.000 à 500.000 visiteurs sur la même période. Un ratio assez proche de l’autre blockbuster touristique marseillais : la fréquentation de Notre Dame de la Garde a elle augmenté de seulement 40% en douze ans, pour dépasser désormais les 2,2 millions de visiteurs par an.

Evolution de la fréquentation entre 2012 et 2020
Calanques : +300%
Frioul : +25%
Notre Dame de la Garde : + 40%

Difficile de savoir précisément quelle est la part liée au classement en parc national et quelle est la part 'naturelle' liée à l'essor du tourisme à Marseille. Mais ailleurs en France, on estime l’impact de la fréquentation d’un site classé Parc National à une augmentation de 10% les premières années, là c'est 30 fois plus! La couverture médiatique, les photos sur les réseaux sociaux et les opérations de promotion ont peut-être trop bien fonctionné.

Désormais, le Parc National des Calanques est une étape incontournable pour tout touriste de passage à Marseille mais aussi les habitants de la métropole. Car selon le parc, ce sont surtout les locaux ont redécouvert leurs calanques. Le parc estime aujourd’hui qu’ils représentent 70% des visiteurs, cette part est stable malgré la multiplication du trafic.

2020 est probablement une année particulière. Cette hausse est peut-être passagère, liée directement au covid. Cet été, la hausse de fréquentation estivale du département a été estimée à +21% par Provence Tourisme et le besoin de nature s’est aussi fait particulièrement sentir chez les locaux après le premier confinement.

Mais c'est un paradoxe, en voulant protéger la nature, le classement 'Parc National' l’a exposé davantage, entraînant un afflux de visiteurs.

 

 

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« Le Parc National n’est pas une promenade urbaine »

Didier Réault, le Président du Parc National est confronté à un double enjeu : « Nous notre cœur de métier, c’est la protection de la nature et la biodiversité. Et on a une deuxième mission qui est l’accueil et la sensibilisation du public. »

« On ne peut pas dire que (3 millions de visiteurs par an, NDLR) c’est trop. On dit que c’est trop aux mêmes endroits et aux mêmes périodes de l’année. » Didier Réault, Président du Parc National des Calanques


« Quand on vient dans les calanques, on ne vient pas avec sa voiture, on se gare comme dans un centre commercial. Accéder à la mer, ça se mérite. Aller dans la nature, ce n’est pas une promenade urbaine. Il faut aussi prendre le temps d’y accéder pour y trouver de la sérénité et du calme. C’est d’abord se débarrasser de cette idée que l’on va arriver sur une plage pour faire une photo Instagram et repartir. C’est tout un apprentissage qu’il faut effectivement faire, un vrai changement de comportement. Un apaisement d’accès sur les calanques.»  Didier Réault

C’est un changement notable dans l’approche des calanques. Depuis toujours, elles ont été considérées comme un parc urbain, un espace d’aération pour les Marseillais.

Au même titre qu’ils pourraient aller à Borely ou aux plages du Prado, les calanques et notamment le secteur des Goudes, étaient une balade rapide pour profiter du littoral. En fin de journée, on prend la voiture et on profite d’une baignade dans une petite crique et d’un apéro aux Goudes. Un art de vivre marseillais mis à mal depuis quelques années, car il est devenu quasiment impossible en saison estivale. Ces 'balades flashs' s’éternisent dans des embouteillages pouvant parfois atteindre plusieurs heures pour revenir dans le centre de Marseille.

De passage dans les Calanques, notamment au sujet des pistes pour améliorer cette accessibilité, Bérangère Abba, la Secrétaire d'État chargée de la Biodiversité confirme cette nécessité de trouver le juste milieu entre le rôle social des calanques pour la population et leur protection environnementale : « On est tous persuadé par cette nécessité de trouver des réponses en terme de mobilité, pour à la fois préserver et maintenir l’accès à ce site. Ces pressions ne doivent pas nous amener à mettre ce territoire naturel sous cloche. On a cet équilibre à retrouver, pour le bien de tous, il n’est pas question de priver qui que ce soit de cet espace de ressourcement. »

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